Festival de la BD d’Angoulême ? On y était !

On n’a pas bullé à Angoulême… On a même usé nos godasses et récolté assez d’ampoules pour nous éclairer jusqu’à la fin de l’année en arpentant les multiples lieux dédiés à la bande dessinée aux quatre coins de la ville ! Stands, expos, conférences, concerts, lectures, projections… Un voyage au pays de la BD, certes épuisant, mais riche en émotions de toutes sortes… Et que de belles rencontres !!!

Pas un recoin de la ville où n’apparaissent des personnages emblématiques du monde de la BD et des oeuvres d’art… Magique !!!

Comme chaque année le festival a régalé ses visiteurs avec de magnifiques expos autour d’univers, de dessinateurs et de personnages qui nous ont fait rêver ou qui nous font encore rêver. Cette année la grosse exposition (en cours seulement pendant la durée du festival) mettait à l’honneur un personnage des plus cultes : le Chevalier Noir, protecteur de Gotham… Batman ! Le célèbre justicier fêtait en effet cette année ses 80 ans. 80 ans d’histoire, de comics, d’adaptations au cinéma ou en jeu vidéo. 80 ans où se sont enchaînées des visions différentes de ce super héros atypique, qui ont fait évoluer le personnage et son univers pour le rendre aussi riche que nous le connaissons aujourd’hui, ou en cassant les codes pour renouveler la chauve-souris!

Alors cette expo ? Suivez le guide !

Elle était incroyable, dans une mise en scène splendide ! La porte à peine entrouverte, on se retrouvait instantanément dans la Crime Alley, la ruelle où les parents de Bruce Wayne ont été assassinés. Tout y était : la scène de crime entourée des banderoles de la police, les murs sales recouverts de graffitis, les lampadaires grésillant, la sortie du théâtre… Tout ce décor étant mis en valeur par des effets sonores : pluie, sirènes lointaines, musique.

On passait ensuite à travers les décors de lieux iconiques : bureau du Manoir Wayne avec son passage secret menant à la Batcave, toits de Gotham, couloirs sinistres de l’asile d’Arkham.

Chaque lieu, en plus de disposer d’une superbe scénographie, était habillé de planches et de textes relatant et expliquant les personnages, les enjeux, les thèmes abordés et l’évolution du Chevalier Noir au fil des années.


L’exposition se terminait sur une salle contenant des croquis encrés et des pancartes relatant en détail l’évolution du personnage ainsi que les auteurs et dessinateurs qui ont marqué ces années de création, dans l’ordre chronologique.

Une exposition ludique très enrichissante et immersive qui nous a presque fait oublier les textes et planches, tellement les lieux étaient impressionnants. Seul bémol à cette exposition… Le peu de planches de croquis, mais bon… on ne va pas se plaindre non plus ! Oula non ! on ne se plaint d’autant moins qu’en sortant de l’expo, nous sommes tombés sur ce qu’une foule de gens cachait quelques heures plus tôt à l’entrée… La Batmobile, le modèle du film de Tim Burton, en taille réelle !!!

Si l’expo était un des événements incontournables du festival, l’événement du vendredi matin à l’espace Franquin en était sûrement l’apothéose : pour marquer les 80 ans du justicier, nous avons eu droit à une masterclass avec Jock, dessinateur connu pour son travail aux côtés de Scott Snyder sur Batman, Paul Dini, scénariste de la mythique série animée des années 90 et des deux premiers jeux de la série Arkham, et enfin Frank Miller, scénariste/dessinateur de 300, Sin City et bien entendu du cultissime The Dark Knight Returns !

Une conférence intéressante, où la vision du personnage et de son univers ont été évoqués en détails par chacun des invités, avec leurs impressions lorsqu’ils l’ont découvert pour la première fois. Frank Miller nous a parlé de son affection pour son Robin féminin, Carrie Kelley, et de son rôle central dans sa saga. Paul Dini nous a évoqué avec émotion l’écriture de son roman graphique, Dark Night « A True Batman Story », inspiré par l’agression dont il a été victime un soir en rentrant chez lui. Un comics riche de sens et publié sous le label Vertigo, la branche mature de DC Comics. Jock, quant à lui nous a exposé son travail sur les deux Tomes de Batman « Sombres Reflets », et sur certains concepts art du film Batman Begins de Christopher Nolan.

Les expos de l’espace Franquin : Tsutomu Nihei et Milo Manara à l’honneur !

Intitulée « L’arpenteur des futurs », cette exposition (que nous avons eu la surprise d’arpenter avec monsieur Frank Miller himlself !) nous a dévoilé toutes les facettes du travail de Nihei, avec des planches qui transpirent son goût et son talent pour la science-fiction cyberpunk : ambiances sombres, sens du détail et construction architecturale de ses planches. Epoustouflant !

« Itinéraire d’un Maestro de Pratt à Caravage » : l’expo consacrée à Manara nous a dévoilé toute la richesse et la diversité de son talent. Ce « touche à tout » qui est passé des fumetti à l’illustration jeunesse aux feuilletons fantastiques, est surtout connu pour ses dessins érotiques. Une grande part de l’expo était consacrée à l’univers de Fellini pour lequel il a réalisé des affiches de film. Emouvant en diable…

Les stands ! « Monde des bulles », « Manga city », « Espace para BD », « Nouveau monde », « Espace BD alternative »… Il y en avait pour tous les genres !

Pour ma part, j’ai plutôt rôdé du côté des stands du Nouveau monde (pas de photos… Trop de monde et je les ai ratées, oups !) où j’ai retrouvé mes chers jumeaux Misma et l’équipe de FLBLB ainsi qu’une ribambelle d’auteurs, de dessinateurs et d’éditeurs… Trop, trop de belles rencontres ! La BD alternative se porte bien !!! Je laisse donc la parole à Alex qui, quant à lui, a traqué les dédicaces et les photos choc du « Monde des bulles » !

Dans le Monde des Bulles, se trouvait le stand d’Ankama Éditions, offrant un large choix et aperçu de son univers éditorial. Que ça soit avec la branche plus mature du Label 619, ou bien avec ses éditions classiques sur des univers inédits et bien sûr leur univers phare, Dofus et Wakfu. Et en plus pour couronner le tout plusieurs auteurs/dessinateurs étaient présents pour les dédicaces. J’ai donc pu discuter avec Neyef autour de son travail sur le spin off de Mutafukaz, Puta Madre, mais également avec Ludovic Chesnot pour le DoggyBags One Shot : Mapple Square (les 2 ont d’ailleurs été chroniqué ici). Mais également avec Baptiste Pagani qui vient de sortir sa première BD, The Golden Path, au Label 619 et qui sera prochainement chroniqué. Et enfin avec Mig, qui a travaillé maintes fois sur le superbe univers de Wakfu et qui a réalisé trois tomes d’Ogrest, personnage clé de cet univers.

Quartier jeunesse et expo Bernadette Després

Expositions, rencontres, ateliers, animations… Le quartier jeunesse était le QG incontournable des enfants et des adolescents !

Une belle exposition pour fêter les 40 ans de Tom Tom et Nana ! Oeuvres inédites, jeux, atelier, projections… Et lecture dans un environnement dédié à ces deux petits personnages incontournables de la littérature jeunesse !

L’espace polar SNCF : un lieu accueillant et animé pour souffler un peu !

Voir, écouter et découvrir le polar sous toutes ses formes : l’espace polar a accueilli cette année encore des rencontres-dédicaces, des conférences, des « duels en bulles » et des projections de courts métrages ! Les BD en lice pour le prix polar étaient à la disposition des visiteurs qui pouvaient les bouquiner tranquillement ! Un accueil chaleureux en interaction avec les auteurs-dessinateurs, des jeux, des surprises… Et tout ça, avec le sourire !!!

Et encore des expos ! Taiyo Matsumoto et Richard Corben au musée d’Angoulême et des expos à la cité internationale de la bande dessinée et de l’image !

« Dessiner l’enfance »… Cette rétrospective qui parcourt 30 ans du travail de Matsumoto fait la part belle à l’enfance, ses rêves, sa malice et sa tendresse, que cet artiste dépeint à merveille ! 200 originaux sont exposés au musée d’Angoulême jusqu’au 10 Mars prochain… A ne pas rater !

« Donner corps à l’imaginaire » : cette exposition qui sera également visible jusqu’au 10 Mars prochain, retrace l’univers du maître de la héroïc Fantasy, Richard Corben, grand prix du festival l’an dernier. Une expo qui ébouriffe !!!

La cité de la bande dessinée et de l’image accueille jusqu’au 19 Mai prochain une très belle expo sur Futuropolis et les auteurs qui en ont fait la renommée. J’ai eu la chance de visiter celle sur Florence Cestac, empreinte d’humour (et de gros nez !)… Hélas, celle-ci a été clôturée le 6 Février…

Conférence des éditions Rue de Sèvres

Il y avait du beau monde à la conférence de presse des éditions Rue de Sèvres ! Zep et Dominique Bertail (« Paris 2119″… Bientôt chroniqué), Claire Fauvel (« La nuit est mon royaume »), Sylvain Runberg (« Optic Squad »), Régis Loisel et Olivier Pont (« Un putain de salopard »), David François (« Chaplin »), Alex Alice et Alain Ayroles (« Le château des étoiles ») étaient présents pour nous parler de leurs ouvrages, tout nouveaux ou à paraître !

Lectures BD !

C’est dans un bar aussi joyeux que bondé, du joli nom de « Minage » que nous avons retrouvé le fleuron de la BD indé ! Lire une BD, c’est bien. C’est même très bien. Mais écouter un auteur de BD vous faire la lecture de son dernier ouvrage, c’est une expérience à ne pas louper, surtout avec la joyeuse bande aux commandes qui a oeuvré au cours de cette soirée mémorable ! Tour à tour, nous avons pu entendre Lola Lorente, Mathilde Vangheluwe, El Don Guillermo et Marlène Krause qui ont pris le micro et le juste ton pour nous dévoiler leurs derniers trésors ! Ambiance détendue et rigolade au programme ! J’adore !!!

Projection « The scrooge mystery » en présence de son réalisateur,
Morgann Gicquel, et du grand Keno Don Rosa !

En avant-première mondiale, Morgann Gicquel est venu nous présenter le documentaire qu’il a réalisé pour les 70 ans de Picsou… Cela faisait longtemps que l’idée avait germé dans son esprit, plus précisément depuis sa rencontre avec Don Rosa en 2013 ! Le film a enfin pu voir le jour (ou plutôt les salles obscures !) grâce à une campagne de financement participatif qui a donné des résultats inespérés, permettant enfin à Morgann de filer avec une équipe, directement aux USA chez Don Rosa pour réaliser ce reportage hors du commun sur cette personnalité qui ne l’est pas moins ! Humour et flegme, passion chevillée à l’âme, Don Rosa a consacré sa vie à dessiner les aventures du palmipède. Grand collectionneur devant l’éternel, il nous dévoile tout au long du film « son » histoire de Picsou, son absolu respect pour Carl Barks, son créateur (et sa haine de Disney !) sans qu’on ne s’ennuie une seule seconde !!! Trois ans de travail ont été nécessaires pour réaliser ce petit bijou filmé en pellicule 16mm… Vous y trouverez bon nombre d’interviews (y compris de Spielberg… Rapide, mais oui !), vous admirerez Don Rosa dessiner douze portraits de picsou… Et vous vivrez un grand moment de passion contagieuse ! Hasard de la vie, Nous avons fait le voyage Limoges-Angoulême avec Morgann au cours du même covoiturage… On n’a pas vu le temps passer !

Un petit tour du côté du Cosplay 2019 !

En sortant de la projection, nous tombons directement sur Dark Vador… Prêt à monter sur scène pour le défilé Cosplay organisé par le festival ! Avec leurs costumes hyper travaillés ou plus simples, les cosplayeurs « cru 2019 » se sont donnés du mal pour se concocter de superbes tenues plus vraies que les modèles originaux ! Bon, comme nous étions un peu pressés, nous n’avons vu que le début du défilé… Nous ne pouvons donc, hélas, vous dévoiler le nom du gagnant !!!

La cérémonie des fauves !!!

Ambiance très classe au théâtre d’Angoulême pour la remise des Fauves ! Des rires et des larmes, de l’émotion et de l’humour, des discours de remerciements courts, d’autres beaucoup plus longs ! Voici le palmarès ! Prix René Goscinny : Pierre Christin, prix de la BD alternative : la revue « Expérimentation » : Fauve polar SNCF : Julien Lambert pour « VilleVermine » (Sarbacane), prix du patrimoine : les travaux d’Hercule de Gustave Doré (2024), prix révélation : Emilie Gleason pour « Ted drôle de coco » (Atrabile), prix de la série : Halfdan Pisket pour « Dansker » (Presque Lune), prix spécial du jury : Brecht Evens pour « Les rigoles » (Actes Sud BD), prix du meilleur album : Emil Ferris pour « Moi ce que j’aime, c’est les monstres » (Monsieur Toussaint Louverture)

Courts métrages, chocolat chaud et concert de Mozart avec des musiciens de l’orchestre philarmonique de Radio France !

Pluie battante au dehors, et nous, bien au chaud et au sec sous le chapiteau de l’espace polar, à visionner d’étonnants courts métrages (en lice pour le prix polar SNCF, of course !). Après cette douillette petite séance de cinéma, c’est un quintette à cordes qui a pris place sur l’estrade pour nous jouer du Mozart… Du velours pour les oreilles !

Un petit tour à l’expo Siné...

Tout l’esprit libertaire de Siné planait dans cette petite salle qui ne payait pas de mine… Couvertures d’hebdos, dessins, photos, table en verre avec une collection de bouchons (des grands crus, j’espère !), jusqu’au lustre qui valait le détour… Pour les amoureux de Siné comme moi, ce fut un moment de pure émotion…

Tremblez, braves gens… Voilà la zombie walk !

Au son des tambours, zombies, loups garous, sorcières et autre momies ont défilé dans les rues d’Angoulême ! Un « walking dead » fort réussi ! Bravo aux maquilleurs et maquilleuses !!!

Boule et Bill ont soufflé leurs 60 bougies dans une ambiance très festive !

Comment ça festif ? Il n’est guère rempli le « Magic Mirror » ! Bon, d’accord, je suis démasquée… J’ai lâchement fui devant la horde des gamins ! Mon Dieu, il y en avait des centaines !!! Je peux juste vous dire qu’ils se sont bien amusés avec la multitude d’activités qui s’offrait à eux et qu’ils se sont régalés avec un bon goûter !

Et voilà le petit tour d’horizon de « notre » FIBD » ! Loin d’être exhaustif, je l’avoue, mais il aurait fallu une armée de chroniqueurs pour couvrir l’ensemble de cette superbe et riche manifestation !!! Un grand merci aux organisateurs et aux bénévoles pour leur accueil chaleureux, aux auteurs et dessinateurs pour leur gentillesse et leur patience, et aux éditeurs que nous avons été ravis de rencontrer !!!

Photos et compte-rendus : Alexandre Vergne et Christine Le Garrec