Pour conclure cette année 2019 (et pour donner quelques idées de très beaux cadeaux aux retardataires !), je vous propose une sélection d’ouvrages où l’art se décline sous toutes ses formes et à toutes les époques ! Une magnifique monographie sur Toulouse-Lautrec (exposé en ce moment au Grand Palais), les collections du suédois Teto Ahrenberg et celle des américains Weisman & Michel consacrée à la Belle Epoque (exposée au Musée de Montmartre… Pour encore quelques jours !) réunies dans de superbes catalogues, les femmes célébrées par les grands maîtres de l’estampe dans un coffret des plus classieux, une fascinante immersion dans « Les mondes (im)parfaits » de Schuiten et Peeters (catalogue de l’expo en cours à Yverdon, en Suisse), deux époustouflants ouvrages sur le Street Art en solo ou en duo, une histoire du patrimoine littéraire racontée avec humour et érudition par Gérard Durozoi, les multiples vies de Colette déclinées en mots et en images par Frédéric Maget… Pour terminer, je vous propose de découvrir les « Arts expanded » de Valie Export (exposée au Pavillon Populaire de Montpellier), le fabuleux reportage réalisé sur Hollywood par Olivier Assayas et Raymond Depardon à Los Angeles au début des années 80, une « Bible » sur le guitar hero Jimi Hendrix, les mémoires très rock’n’roll de Philippe Manoeuvre… Et je vous invite à faire un tour à la galerie Gallimard qui expose les travaux de Pierre Alechinsky ! Bonnes et belles lectures et belle fin d’année à toutes et à tous !
Peintre, lithographe, dessinateur de presse, illustrateur, affichiste… Toulouse-Lautrec a exploré toutes les facettes de son art tout au long de sa trop courte vie : dans une fébrilité faite d’excès, ce seigneur des nuits montmartroises, jouisseur animé d’une rage et d’une soif insatiable de vivre, a su capter le fugace et l’éphémère en ogre esthète qu’il fut jusqu’à son dernier souffle. Nicholas-Henri Zmelty, au fil des pages de ce très bel ouvrage, nous offre une analyse pointue de l’oeuvre de cet artiste libre et fantasque, dont la trajectoire de comète et l’art singulier ont marqué son époque. Son oeuvre ne pouvant être mise en lumière que sous l’angle de sa personnalité complexe au tempérament épicurien, nous découvrons au cours de cette passionnante analyse un personnage attachant et écorché vif qui a brûlé sa vie avec la conscience que celle-ci serait fulgurante… Richement illustré de ses oeuvres (tableaux, dessins, affiches…) mais aussi de photographies et de lettres personnelles, cet ouvrage nous déroule une oeuvre directement liée à celui qui l’a créée, où muses et sujets de prédilection se bousculent au gré de son inspiration, révélant avant tout le monde dont il était imprégné. Ce superbe ouvrage est décidément incontournable pour tous les amateurs de cet artiste qui « était bien l’homme de ses tableaux où transparait une ironie aigüe et dont les oeuvres révèlent des qualités d’observation vraiment cruelles », qui a suivi sa voie en écoutant ses enthousiasmes qu’il a su reproduire avec un style qui n’appartenait qu’à lui. Cet artiste « Résolument moderne » est à l’affiche d’une exposition en cours au Grand Palais qui fermera ses portes le 27 Janvier 2020.
Toulouse-Lautrec : la stratégie de l’éphémère par Nicholas-Henry Zmelty, Hazan, 2019 / 99€
Theodor « Teto » Ahrenberg fut l’un des collectionneurs les plus visionnaires du XXème siècle : sa collection contenait plus d’un millier d’oeuvres d’artistes influents avec lesquels il a noué de belles et solides amitiés. Après que sa première collection fut confisquée et dispersée par le gouvernement suédois en 1962, celui-ci en commença une seconde, en Suisse, davantage consacrée aux artistes d’avant-garde… Sa vie à elle seule est un roman où l’art (et sa famille !) était omniprésent ! Ce destin incroyable valait bien un hommage, brillamment rendu dans ce superbe ouvrage qui nous dévoile l’incroyable diversité de cette collection et la force des liens qui l’unissait à « ses » artistes bien-aimés, à travers leurs correspondances et les photographies d’archives, pour la plupart inédites. Après une biographie de ce collectionneur acharné doué d’un flair prodigieux, on découvre au fil des pages, artiste par artiste, les oeuvres acquises signées Matisse, Le Corbusier (qui a dessiné les plans d’un musée Ahrenberg qui n’a jamais vu le jour…), Picasso, Chagall, Tadeusz Kantor, Christo, Arman, Jean Tinguely et Niki de Saint-Phalle, mais aussi d’artistes moins connus du grand public (du moins par moi !) comme Einar Hylander, Olle Baertling, Heinrich Richter, Mark Tobey ou Enrico Baj… Un chapitre est également consacré à « l’atelier du Rocher », son chalet suisse transformé en atelier résidence où de nombreux artistes ont séjourné, et un autre à Iris Clert, une galeriste de ses amies. Ponctué de témoignages de proches, de confrères, de spécialistes et d’artistes, cet ouvrage nous offre un fabuleux panorama de la richesse d’une collection exemplaire assortie de la vision d’un homme pour qui l’amitié et le sens artistique étaient étroitement mêlés. Richement illustré, cet ouvrage passionnant est également un régal pour le regard !
Une vie avec Matisse, Picasso, Le Corbusier, Christo… (Collectif), Flammarion, 2019 / 60€
Les collectionneurs américains David E. Weisman et Jacqueline E Michel, fous amoureux du Montmartre de la Belle Époque, ont prêté au Musée de Montmartre un ensemble unique et rare de 150 pièces réalisées par des artistes ayant vécu ou travaillé à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle dans ce faubourg parisien, berceau de cette riche période artistique. Une collection composée de peintures, de dessins, d’affiches et de lithographies, présentée pour la première fois dans son intégralité, que vous pourrez admirer jusqu’au 31 Décembre 2019 au Musée de Montmartre. Mais si vous ne pouvez vous y rendre, celui-ci viendra à vous par le biais de ce catalogue exhaustif qui vous en offre toute la substance ! Au fil des pages, vous y découvrirez l’Histoire de ce quartier festif et populaire, ponctuée des oeuvres de Steinlen, Toulouse-Lautrec, Valadon, Willette, Chéret, Ibels, Bonnard, Rouault, Valtat, Grasset, Anquetin, et de bien d’autres encore, qui ont immortalisé l’effervescence qui régnait dans ses ruelles et surtout dans les nombreux cafés concerts, cabarets et cirques qui les ont inspirés. Comme tout finit en chansons, ce très beau catalogue se termine sur une note de musique avec l’histoire des chanteurs et chansonniers célèbres qui ont cherché fortune dans les célèbres cabarets de la Butte, d’Aristide Bruant à Paul Delmet, et plus récemment Piaf, Brassens ou Dalida… Un fabuleux témoignage sur cette belle époque et sur ce quartier toujours aussi pittoresque qui fut le bouillonnant « centre du monde » des milieux artistiques d’avant-garde. Magnifique !
Collection Weisman & Michel : fin de siècle – Belle époque (1880 -1916) par Phillip Dennis Cate, Saskia Ooms et Michela Niccolai, Hazan, 2019 / 24,95€
Ce coffret contient un très beau livre (en accordéon) contenant une centaine d’oeuvres des plus grands maîtres de l’estampe japonaise (Kitagawa Utamaro, Kikukawa Eizan, Chôkôsai Eishô, Ichirakutei Eisui, Katsushika Hokusai, Utagawa Kunisada II, Tsukioka Yoshitoshi et Chikanobu Toyohara) ainsi qu’un livret d’accompagnement proposant l’étude et la description des oeuvres proposées, complété par une courte mais exhaustive histoire des « Bijin-Ga » (images de belles femmes). Coloris et traits délicats, splendeur des étoffes, expressions des visages et des regards : les femmes de ces estampes, jeunes filles, mères ou courtisanes, ont été captées dans leurs activités quotidiennes avec une rare finesse doublée d’élégance. Graciles et sveltes, sensuelles, soumises ou modernes, parfois provocatrices, leur représentation par ses grands maîtres est d’une délicieuse subtilité. Un très beau livre pour savourer cet art de l’estampe qui n’en finit pas de nous émerveiller par sa délicatesse !
Les femmes célébrées par les grands maîtres de l’estampe par Amélie Balcou, Hazan, 2019 / 29,95€
La création est un processus mystérieux… Mais comment fonctionnent donc ceux qui ont choisi de mêler leurs talents pour faire oeuvre commune ? Comment fusionnent-ils leurs deux univers distincts pour en créer un en commun ? Nicolas Gzeley a recueilli les témoignages d’une vingtaine de ces duos de l’art urbain qui, en famille ou liés par l’amitié ou l’amour, ont construit un dialogue artistique fait de complicité et de goût du challenge pour créer une oeuvre unique : ce choix, basé sur de solides affinités électives, donne naissance à un langage commun où l’un nourrit l’autre et inversement pour mettre à jour des oeuvres d’une incroyable force sur des techniques ou des thématiques bien différentes. Au fil des pages de ce très beau livre, richement illustré des oeuvres de ces artistes, cette philosophie du street art à quatre mains se décline en autant de personnalités qui nous délivrent la vision personnelle de leur travail, réalisé sous de multiples formes, pour dévoiler des univers fantasques où figuratif et abstrait se disputent la beauté. Vous y découvrirez en même temps que leurs oeuvres, les professions de foi de Lek & Sowat, Ella & Pitr (chronique ici d’une monographie qui leur a été consacrée aux éditions Alternatives), Poes & Jober, Taroe & Opera, Monkey Bird, Ratur & Skaro, Wide & Soem, Sismikazot, Reso & Monde, Frais & Kviar, Herakut, Wow123 & Atom, Bruce & Mina, Zebu, Graphic Surgery, Telmo & Miel, Kid Kreol & Boogie, Sobekcis, Dourone, Blaqk, Never Crew, Jana & JS, Sten & Lex et de ST4, dans un somptueux foisonnement où originalité, esthétisme et talent font décidément bon ménage ! 1+1 =1… la preuve en est faite par 24 !
Alter Ego : les 25 plus beaux duos de l’art urbain par Nicolas Gzeley, Alternatives, 2019 / 35€
Trois ans après le premier opus (chronique ici !), Bjorn Van Poucke revient nous présenter une cinquantaine des artistes les plus influents du street art actuel, pour une mise à jour assortie d’une réflexion sur ce mouvement artistique qui s’institutionnalise de plus en plus. De nouvelles formes d’expressions ont vu le jour et cet art qui a fleuri dans nos rues est en perpétuelle évolution : ses frontières sont de plus en plus floues et le marché du street art est désormais ouvert… Alors, qu’en est-il aujourd’hui de l’esprit rebelle qui animait ses acteurs ? Il est toujours bien là, rassurez-vous ! Pour s’en convaincre, il suffit de se plonger dans ce très beau livre où les artistes présentés, venus des quatre coins du monde, nous délivrent la vision de leur travail assortie de quelques-unes de leurs oeuvres, réalisées dans des styles et des techniques très différentes, en autant de preuves de l’incroyable vitalité créatrice qui les anime. La nouvelle scène émergente de cet art qui évolue vers une légitimité bien éloignée de l’esprit de ces débuts, reste heureusement toujours inclassable et les « robins des bois » des arts de rue n’ont certes pas fini de nous étonner et de nous émerveiller par leur créativité, leur irrévérence et leur talent ! Qu’ils évoluent dans les registres de l’art abstrait (Elian, Ellen Rutt, Felipe Pantone, Kristin Farr, MADC, Momo, Mr. June, Nelio, Okuda, Roberto Ciredz), figuratif (Alex Senna, Alice Pasquini, Andrea Wan, Aryz, Belin, Cinta Vidal, Milu Correch, Escif, Faith47, Fintan Magee, Herakut, Hyuro, Jaz, Low bros, Paola Delfin, Sainer, Seth Globepainter, Sheryo & Yok), réaliste (Axel Void, Bosoletti, Case Maclaim, Guido Van Helten, Lonac, Sebas Velasco, Zoer & Velvet) ou dans l’engagement de l’interventionnisme urbain (Ampparito, Banksy, Crystal Wagner, Ernest Zacharevic, Icy & Sot, Isaac Cordal, Jaune, JR, Leon Keer, Pejac, Shepard Fairey, Spy, Strook, Swoon, Wasted Rita), qu’elles que soient les stratégies de communication choisies, masqués ou dans la lumière, ces beaux artistes portent haut et loin un art qui a décidément un bel avenir devant lui ! Avec sa très riche iconographie et les réflexions qu’il porte à travers le regard de ces artistes sous forme d’entretiens, ce bel ouvrage nous offre un passionnant panorama des arts urbains d’aujourd’hui !
Street Art / Today 2 : les 50 artistes actuels les plus influents de Bjorn Van Poucke, Alternatives, 2019 / 35€
« La Maison d’ailleurs« , musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires, propose jusqu’au 25 Octobre 2020 à Yverdon (Suisse), une très belle exposition sous forme de dialogue entre les oeuvres de François Schuiten et Benoît Peeters, les prolifiques et talentueux auteurs des « cités obscures« . Ce très beau livre, bien davantage qu’un catalogue d’exposition, nous offre sous les plumes de François Rosset (de l’université de Lausanne) et de Marc Atallah (directeur de la « Maison d’ailleurs » et maître de recherche et d’enseignement à l’université de Lausanne), une étude approfondie sur les notions d’utopie et de dystopie, suivie d’un entretien fort intéressant avec Benoît Peeters et François Schuiten sur le sujet. Richement illustré des oeuvres de ces deux extraordinaires artistes, mais aussi de nombreuses affiches, photos, dessins, peintures et gravures puisés dans les archives de la littérature et du cinéma (parfois rares ou inédits), ce bel ouvrage nous invite à pénétrer de la plus belle et de la plus intelligente manière qui soit au coeur de l’âme de ces cités obscures à la beauté parfois inquiétante, entre rêve utopique et cauchemar dystopique. Un livre à offrir à tous les amoureux du genre, il est vraiment magnifique !
Mondes (im)parfaits : autour des cités obscures de Schuiten et Peeters, Les Impressions Nouvelles, 2019 / 28,50€
Bibliophiles assidus, lecteurs compulsifs, curieux de la littérature sous toutes ses formes, ce livre est fait pour vous ! Vous y découvrirez le livre dans tous ses états, au fil des siècles et dans le monde entier, dans un large panorama argumenté de manière fine et exhaustive mais également avec une délicieuse pincée d’humour qui rend sa lecture des plus agréable. L’aventure commence avec un chapitre sur les rôles des bibliothèques (classification, conservation, transmission) à travers les âges (bibliothèques d’Alexandrie, Pillone, Saint-Victor) ponctué de délicieux apartés (« Comment piller tranquillement les bibliothèques ? », « Comment choisir des bibliothécaires efficaces ? », « Peut-on sauver les textes sans livres ? »). Gérard Durozoi nous captive ensuite dans un tourbillon d’anecdotes et d’analyses captivantes sur les ouvrages qui inaugurent (le livre des morts des anciens égyptiens, les tablettes du bouddhisme, l’utopie de Thomas More, « Comment brûler les livres avec les meilleures intentions ? », « Des livres pour deviner ce que sont les livres ») sur ceux perdus puis retrouvés (les manuscrits de la mer Morte, l’énigme du manuscrit Voynich, la pierre de Rosette, « Afrique, continent de la pure oralité ? », prédictions des mayas…), sur les transformations et détournements de textes (la légende du juif errant, les contes des 1001 nuits, les mémoires par anticipation de Guy Debord, « Que vient faire Pétain dans « Le grand ordinaire » ? »), sur les interprétations discutables (« Les génies nationaux sont-ils des usurpateurs ? », « Comment composer sans génie n’importe quel traité savant ? », « Est-il raisonnable d’écrire sur rien ? », « Les philosophes sont-ils susceptibles ? », « Dans l’intimité d’un dictateur » : les carnets d’Adolf Hitler…), sur les succès et best-sellers ( Omar Khayyâm, « prophétiser sans trop de risques », l’invention du best-seller…), sur les jeux de mots et les pages inventives (« charmes et dangers de l’anagramme », les tables parlantes de Victor Hugo, les calligrammes d’Apollinaire, l’invention d’une langue, l’espoir d’une écriture universelle, les palindromes de Perec…), sur les relations entre texte et images (l’éloquence des images muettes, la relance par l’image, les « romans » de Max Ernst, « Planches à découper », « Des livres que l’on déplie »…) pour conclure sur les rêves des différentes catégories de bibliophiles qui ne feront pas mentir Claude Roy sur le fait que « Morte est la demeure où n’entre pas chaque jour un nouveau livre » ! (« Jusqu’où mène l’amour des livres », les livres-machines du futurisme, le livre le plus long du monde, « Comment organiser l’édition de textes inconnus », le livre-objet : voir, manipuler et peut-être lire enfin !). Un excellent livre à grappiller entre deux lectures et bien sûr à conserver en bonne place dans sa bibliothèque !
Histoire(s) insolite(s) du patrimoine littéraire par Gérard Durozoi, Hazan, 2019 / 24,95€
Romancière à succès, journaliste reporter, critique, scénariste, mime et comédienne, « marchande » de produits de beauté… La dame du Palais Royal, tels les chats qu’elle affectionnait tant, a vécu de multiples vies ! Ce très bel ouvrage qui nous dévoile plus de 300 documents rares et inédits puisés dans les archives de collections privées (photographies, lettres, dédicaces, extraits de journaux…), dessine pour nous le portrait aux mille visages de cette femme attachante à l’incroyable destin. Au cours de cette biographie qui respecte totalement son esprit et sa philosophie de la vie, se déroule en sept chapitres (« Les sortilèges de l’enfance », » Les apprentissages de Colette », « Une femme de lettres qui a mal tourné », « Une carrière à perdre le souffle », « Entre reconnaissance et scandale », « Une femme parmi les autres », « Savoir décliner ») le parcours intime et public de ce monstre sacré à la vitalité insatiable qui a fait couler tant d’encre et suscité tant de passions jusqu’à son dernier souffle. Grâce à cet ouvrage très complet, nous découvrons toutes les facettes de la personnalité de cette femme libre et indépendante, souvent scandaleuse, qui a marqué durablement de son empreinte et de son immense talent tous les domaines qu’elle a approchés, en s’affranchissant des codes et des interdictions de son époque. Ce livre passionnant dédié à une femme qui ne l’est pas moins, lui rend hommage en beauté et avec une belle sensibilité !
Les 7 vies de Colette de Frédéric Maget, Flammarion, 2019 / 29,90€
Le Pavillon Populaire de Montpellier expose, jusqu’au 12 Janvier 2020, les travaux réalisés par l’artiste autrichienne Valie Export, photographe, vidéaste, performeuse et activiste féministe, au coeur du mouvement « Art expanded » des décennies 60 et 70. Ce très beau catalogue de l’exposition retrace le parcours de cette artiste atypique, grande figure de l’art contemporain, qui a mis son talent au service de l’art en élargissant les pratiques artistiques et les supports techniques (photographies conceptuelles, films, performances, body art, dispositifs expérimentaux…) appareil photo et caméra en main, en autant d’outils de contestation pour abolir les frontières entre vie et création. Une oeuvre originale, provocatrice et audacieuse que vous découvrirez au fil des pages de ce très beau livre richement illustré ! Agrémenté d’une biographie de cette pionnière de la contre culture et d’analyses pertinentes sur son fabuleux travail qui a bouleversé notre perception et notre rapport à l’image et à sa construction, cet ouvrage passionnant nous invite à une réflexion politique et artistique sur l’art médiatique dont Valie Export fut et reste une des plus innovantes ambassadrices !
Valie Export : expanded arts par Brigitte Huck, Hazan, 2019 / 24,95€
En 1982, les « cahiers du cinéma« , sur l’initiative de Serge Toubiana, envoient une équipe formée d’Olivier Assayas (encore débutant) et du célèbre photographe Raymond Depardon, pour un fabuleux reportage au coeur de la cité des anges et du cinéma. Leur mission ? Rencontrer acteurs, scénaristes, réalisateurs et producteurs de cette machine à rêves, pour un numéro spécial « Made in USA », afin de réhabiliter le cinéma américain un peu délaissé après les années 70 dans les pages des « cahiers ». C’est à cette extraordinaire expérience que nous convie ce très beau livre composé du journal de bord d’Assayas, agrémenté du portfolio de Depardon. Le récit de ce séjour (visites des studios, rencontres parfois inopinées, interviews, attentes parfois vaines, contretemps, caprices et égos des uns et des autres..) marqué par une ambiance fébrile, nous immerge dans le Hollywood des années 80 où l’on croise les grandes figures du 7ème art tels que John Cassavetes, Orson Welles, Francis Ford Coppola, Samuel Fuller, Sam Peckinpah, Jessica Lange et tant d’autres encore… Un texte « pris sur le vif » qui offre aux cinéphiles un témoignage de haute volée sur les acteurs du cinéma Hollywoodien de l’époque… Les sublimes, forcément sublimes clichés d’un Depardon flâneur qui a su capter l’envers du décor et l’essence même de Los Angeles… Ce livre va décidément combler les amoureux du cinéma de l’époque mais aussi les fondus de très belle photographie !
LA 82 par Raymond Depardon et Olivier Assayas, Seuil, 2019 / 32€
Après Led Zeppelin (chronique ici !), les Pink Floyd et les Rolling Stones (chroniques là !), c’est au tour de Jimi Hendrix d’être décrypté de A à Z par Jean-Michel Guesdon et Philippe Margotin qui lui font la totale ! Dans la première partie de ce monumental ouvrage qui lui est consacré, vous découvrirez la biographie de Jimi Hendrix (naissance et enfance, premières guitares, premiers groupes, l’armée et la rencontre avec le bassiste Billy Cox, les premières sessions et les premières tournées…). Dans la seconde, c’est à une mine d’or de renseignements sur ses enregistrements que vous êtes conviés (genèse des morceaux, musiciens, lieux d’enregistrement, équipes techniques et réalisations, pochettes de ses cinq premiers singles et de ses six albums, noms des différents interprètes qui ont repris ses titres…) mais aussi aux moments importants de sa courte existence (rencontre avec Linda Keith, à l’origine de sa carrière en Grande-Bretagne, mais aussi de son addiction au LSD, naissance du « Jimi Hendrix Experience »…). La dernière partie est consacrée à la longue liste des albums édités après la mort, à l’âge de 27 ans, de cette légende du rock à la carrière hélas, fulgurante… Richement illustré de photographies, parsemé de petits encarts pour les « Hendrix addicts », fourmillant d’anecdotes et de témoignages de musiciens, producteurs ou techniciens ayant travaillé avec lui, agrémenté de portraits de ceux qui furent ses jalons (The Isley Brothers, Little Richard (avec lesquels Hendrix a fait ses débuts), Curtis Knight (son « découvreur »), les producteurs Chas Chandler et Eddie Kramer), ce pavé de près de 600 pages dévoile en beauté mais aussi avec une impressionnante précision la courte mais intense vie de ce « météore de la musique » qu’il a révolutionné par son immense talent et son inventivité. Un livre à savourer en écoutant la prodigieuse discographie de ce prince bien trop tôt disparu…
Jimi Hendrix – La totale : les 119 chansons expliquées par Jean-Michel Guesdon et Philippe Margotin, EPA, 2019 / 49,90€
Vous aviez peut-être découvert son livre « Ma vie est un roman », paru l’an dernier… Si ce n’est pas le cas, il n’est pas encore trop tard pour se procurer ce best-seller de l’homme aux Ray-Ban à l’éternel look de rocker ! De son enfance à sa looongue carrière (producteur, éditeur, traducteur de bandes dessinées érotiques, animateur télé (Ah ! « Les enfants du Rock » !) et radio, journaliste (rédacteur en chef de Metal Hurlant, Rock & Folk, Humanoïdes associés), chroniqueur… et même découvreur de Bukowski !) la vie de ce talentueux porte-parole de la contre culture dégage bel et bien le souffle d’une vie romanesque en blouson de cuir et santiags ! Son livre est désormais disponible dans une version sonore sur Kobo ou Audible. L’occasion de savourer la voix unique de ce marabout du rock qui a rencontré et côtoyé les plus grands noms de la scène rock des années 70 aux années 2000 (Bowie, ACDC, Lou Reed, les Rolling Stones, les Stooges, les Clash, Michaël Jackson, Madonna, Gainsbourg, Polnareff, Johnny Halliday… et tant d’autres encore !). Philippe Manoeuvre, voix et mémoire du rock, nous en délivre la substantifique moelle, au fil d’anecdotes qui vont ravir bon nombre de rockers de tous âges ! Manoeuvre ? C’est la » rock’n’roll attitude « … Incontestablement !
Rock de Philippe Manoeuvre, Harper Collins (papier : 19€ / Ebook et Kobo : 12,99€, Audible : 14,95€)
La toute nouvelle expo de la galerie Gallimard : Travaux d’accompagnement. Autour des livres de Pierre Alechinsky
Imprévisible. Anticonformiste. Une liberté d’inspiration et d’écriture caractérise l’œuvre d’Alechinsky. Depuis soixante ans, il explore tous azimuts le plaisir de créer, de la peinture à l’estampe, du livre à la céramique. Toute sa vie, Pierre Alechinsky a côtoyé les livres. En parallèle de son travail de peintre, il a orné les éditions de tête des textes des plus grands auteurs, d’Apollinaire à Proust, en passant par Michel Butor ou Salah Stétié. L’œuvre graphique gardera toujours une place de choix dans son expression artistique. Passionné par le livre, il illustre poèmes et textes (Cioran, Michel Butor, Yves Bonnefoy, André Frénaud, Jean Tardieu, etc.) et publie de nombreux ouvrages : « Je suis un peintre qui vient de l’imprimerie ».
Cette exposition-vente propose le choix d’Alechinsky qui nous ouvre sa collection : lithographies, estampes, gravures, ou eaux-fortes réalisées pour accompagner les livres en tirage limités. Vous pourrez admirer ses oeuvres jusqu’au 22 Février 2020 à la galerie Gallimard (30-32 rue de l’Université 75007 Paris. Tel : 01 49 54 42 30). Attention ! Celle-ci ferme ses portes du 23 Décembre au 1er Janvier !
Christine Le Garrec