Juke Box de Voyages

Marre de rester planté les deux pieds dans le même sabot ? Je vous emmène en voyage, au bout du Monde et plus loin même… Je sors ma tenue d’explorateur et vous guide sur un parcours empli de merveilles et de surprises ! Allons scruter à la loupe : OZFERTI le sorcier d’Addis-Abeba, The RED FOLKS en terre celte, NIQOLAH SEEVA et son Orient imaginaire et aussi GWENDOLINE ABSALON en son jardin de la Réunion. Et comme le bout du Monde c’est aussi la Bretagne, vamos pour GAUME, le régional de l’étape aux accents résolument anglo-saxons. Billets s’il vous plaît !

Aller sur SOLARIUS GAMMA c’est le plus fou des voyages !

Celui d’OZFERTI, le beatmaker masqué, vers une planète violette dont le centre névralgique pourrait bien être Addis-Abeba, tant la musique éthiopienne parfume cette équipée spatiale.

Le pari est audacieux de vouloir nous emmener dans l’Espace Intersidéral aux sons des tambours et instruments traditionnels d’Érythrée. Mais couplé avec toute la machinerie de l’électro, ça carbure dans un genre Ethno-Industriel époustouflant qui nous propulse très bien vers la destination.

De la pochette au poster inside, OZFERTI crée aussi tout le décorum d’une planète mystérieuse et inquiétante.

Tout cela, c’est la vision très ‘Wakanda’ de Florian Doucet, l’homme qui se cache derrière le masque (drôle d’idée en ce moment !).

Un baroudeur de génie, déjà compromis avec les afro-colombiens de La Chiva Gantiva et les afro-portugais de TerraKota.

Pour ma part, à Wankanda, je préfère l’idée d’un Indiana Jones des musiques perdues…

Quelques rares archives sonores, ramenées d’Afrique de l’Est et restaurées par un savant fou !

Mais chacun se fera son film comme il l’entend…

Car des choses à entendre ce n’est pas ce qu’il manque sur SOLARIUS GAMMA.

La planète violette est tout sauf silencieuse !

Des chanteurs et chanteuses au timbre si particulier et qui font tout le charme de la musique de la corne africaine, des joueurs de Masengo, le stridant et entêtant violon à une corde de la région.

Le foisonnement des rythmes entre synthés, percussions et guitares est tout simplement ahurissant.

Des sons de jeux électroniques sortis du berceau de l’humanité pour un mélange détonnant qui régénère le genre.

Avec OZFERTI ce qui pourrait être une opposition de styles devient une véritable osmose.

Un projet bien packagé, mais qui n’a rien d’un gadget.

Une turbulence dans l’espace temps.

Une transe électronique.

Lost in Translation…

B.O. de nos rêves…

Solarius Gamma / OZFERTI / Humpty Dumpty Records / 13 Novembre 2020

Et pour se mettre au vert, une balade irlandaise ça vous tente ?

Alors je vous embarque vers la forêt de Fontainebleau !

Car avec THE RED FOLKS et son album ‘Tales and Wanderings’ le moment est venu de placer Paris sur la carte de la musique celte…

19 intervenants sur la galette d’un trio. Record à battre !

Le précédent était de 17 pour les gentils Loubelya…

A croire que les musiciens de trio band ont une floppée d’amis.

Delphine Verleene au chant et harmonium indien, Cyrille Aubert aux guitares, banjo, harmonica et chœurs, ainsi que Maëlise Parisot au violoncelle et chœurs forment le noyau dur de l’aventure.

Ils sont rejoints selon les tracks par des violonistes, hautboïste, pianiste, batteurs, percussionniste ainsi que de Zaf Zapha homme-orchestre, réalisateur, arrangeur.

Je ne connais pas Zaf, mais j’ai l’impression qu’il vaut mieux l’avoir avec soi pour le voyage, une sorte de couteau suisse…

Car derrière la belle aquarelle d’Olivier Figueroa, se cache des trésors de subtilités et d’ingéniosités sonores, qu’il a bien fallu ordonner avec tous ces magnifiques intervenants.

Avec beaucoup de naturel ce sont les voix et en particulier, celle belle et généreuse de Delphine Verleene qui nous guident à travers ces contes et ces errances…

De l’élégant Love For Happy Hour qui ouvre plein de vitalité jusqu’à Iceland qui clôture dans les mystérieuses vapeurs islandaises.

Elles nous charment en solo ou en bouquet, comme mille fleurs qui nous éclatent au visage…

Avec emphase et spiritualité sur What If, intensité et hargne dans Fight.

Live It qui débute comme une éclosion de Dido dans une boîte à musique et The Cursed King aux accent Country.

Nameless en balade pas si tranquille, alors que la flûte traversière du primesautier An Irish Airman nous fait tourbillonner autour des nuages…

L’envoutant Breathe ne manque pas de souffle et emballe tout dans sa tourmente…

Les voix toujours les voix, pour cette reprise magistrale de Damien Rice. Coconut Skins revisité en gospel païen !

Cette voix qui se déploie ample et chaude. De celle qui vous réconforte après un gros chagrin.

Qui vous fait battre le cœur si fort, que l’on ne se sent plus seul…

Tales and Wanderings’ me glisse tout ça dans le creux de l’oreille et son souffle est si mélodieux, que j’ai l’impression que tous les vents d’Irlande voguent jusqu’à nous !

Tales and Wanderings / THE RED FOLKS / Lacaza Musique / 13 Novembre 2020

Notre prochaine destination procède d’un Orient imaginaire.

Mais votre imagination ne sera pas mise à mal, tant les couleurs et les saveurs de la musique de NIQOLAH SEEVA sont chatoyantes et explosives.

NIQOLAH SEEVA est un grand allumé !

Ce qui n’est pas pour me déplaire…

Avec son look de ‘Jean Genie’ tout droit sorti des ‘Mille et Une Nuits’, ce doux illuminé nous distille un rock-prog oriental complètement déroutant.

Ce féru de fusion, pour servir son art, ne se contente pas de bricoler une langue à la croisée des mondes entre arabe et anglais.

 Il invente aussi l’instrument qui fera le pont des cultures. La Guit’Arabia, un hybride de Oud et de guitare électrique pour des sensations nouvelles et frissonnantes.

Oubliez le saut à l’élastique ou l’escalade à main nue, venez plutôt faire un tour dans l’extravagance de l’extrême.

Un tour dans un coin de la tête du petit Niqolah…

3NE nom de code de l’objet. Symbole de l’unité dans la multitude et Sésame de cet opus.

10 tracks comme autant d’énigmes. Time 1llusion

Au confins du désert, aux cœurs de la Médina, coincé entre jazz-rock brûlant et cabarets festifs.

N3ou Worrd

Balade dans les souks de Marrakech sur fond de Magma ou de Morphine (Jennat L Fraise).

Indian Ambiant décadente, pour un nocturne sur le caravansérail (Crysta3l Lian).

Hybrid Sonq et Ya Lady en ambiance de fantasia, tout en rythmes arabo-andalous et comme mixé par un Dj inspiré de l’underground Stanbouliote…

Avec 3NE, NIQOLAH SEEVA invente une musique déboussolante, qui brille de mille feux.

A nous d’inventer les fêtes qui vont avec !

3NE / Niqolah SEEVA / Vlad, Absilone, Socadisc, Believe / 23 Octobre 2020

Mignonne allons cueillir les beaux fruits à mettre dans le panier…

Et par-dessus, les plus belles fleurs de l’île.

Avec VANGASAY, la réunionnaise Gwendoline ABSALON nous invite en son jardin magique.

N’hésitez pas à pousser le portail et découvrir son maloya séduisant.

Laissez-vous conduire par la voix douce et caressante de son swing créole.

La Réunion ne porte pas son nom par hasard et Gwendoline n’oublie pas les influences de la mosaïque ethnique qui la composent…

Sonorités africaines, indiennes. Rythmes yorubas. Hommage cap-verdien à la diva Cesaria Evora.

Une rencontre au sommet avec la Martinique pour un mix bélé/maloya (Béliya).

Et même du tropicalisme brésilien sur Ti Manmzel, pour une samba réunionnaise !

Toute la douceur et les parfums de l’Océan Indien.

De quoi se mettre dans un état d’exotisme extatique…

Un disque entre balade bucolique et espace détente, sans cesser toute fois d’onduler gentiment des hanches.

Gwendoline ABSALON nous délivre un maloya sophistiqué, teinté de piano bar aux saveurs sensuellement sucrées.

Venez goûter au VANGASAY ce fruit précieux, aux vertus médicinales et qui pourrait aussi bien soigner nos corps que nos âmes…

Vangasay / Gwendoline ABSALON / Ting Bang / 17 Juillet 2020

On va quand même s’écouter un bon disque de rock pendant le voyage !

Et quel disque ! La pépite dans le Juke Box.

Ne passez pas à côté de GAUME !

Ou appelez-le comme vous voulez…

Non, c’est le titre de l’album.

CALL IT WHAT YOU WANT.

Et même, si j’ai bien compris, payez ce que vous voulez…

Pourquoi se priver alors, de découvrir un song-writter hors-pair, doublé d’un chanteur au grain de voix qui ne laisse pas insensible et d’un guitariste tranchant.

Beaucoup pour un seul homme !

CALL IT WHAT YOU WANT c’est une pop-rock hautement attractive.

Un album longuement peaufiné pendant le confinement. (Espérons que l’on ne peaufine plus trop à l’avenir…)

Un mille feuilles de croustillantes mélodies pêchues et de pop songs intimistes à la crème.

Dans tout les cas, des airs qui impriment la mémoire.

De Drumroll For Your Answer qui attaque de manière puissante à Smithereens qui clôture en folksong, GAUME égrène les perles.

Nous avons le supersonique Haters Gonna Hate Me, l’éperdument lyrique Blowing On Dust , les arrangements malicieux de The Best Of Your Worst et de Partner In Crime.

Timeless Anger, Broke up With A Girl, Night Bird, en ballades qui allient le meilleur de la pop anglaise à celui du folksong américain.

Et que dire de You Blacken My Soul au son musclé de Hard vintage et de Front Row Seat, bizarre rock rampant à la guitare saturée ?

On prend tout de plein fouet !

Difficile sur 11 titres d’en sortir un du lot, tant l’ensemble est cohérent. Rien ne laisse indifférent.

GAUME manie à merveille le chaud et le froid, aidé par la réalisation soignée de Nikko Bonnière et d’un gang de musiciens d’une redoutable efficacité.

Pour tout vous dire, je suis complètement Bubble de GAUME !

Call it what you want / GAUME / Eizer Records / 18 Septembre 2020

LE RASCAL (Photo d’appel Catherine CHARVET)