Arts et essais N°55

Les émouvantes illustrations de Lorenzo Mattoti qui nous font revivre l’éphémère histoire d’amour de Roméo et Juliette… Un catalogue d’exposition qui met en regard les oeuvres de Soutine et de De Kooning (au Musée de l’Orangerie)… Deux ouvrages édifiants sur deux superbes artistes femmes : une passionnante biographie de Georgia O’Keeffe et la profession de foi d’Anni Albers (exposée au Musée d’Art Moderne). Deux nouveaux titres de la collection « Accrochage », éditée par Flammarion, nous invitent ensuite à créer « notre » musée à domicile, suivis par les succulents Plonk et Replonk qui revisitent « l’art helvétique » avec un humour irrésistible, et par le dantesque projet artistique et humain de l’Aura de Maurienne, raconté par Yves Pasquier qui en est à l’origine. Place ensuite à la photographie avec le magnifique catalogue des rencontres de la photographie d’Arles cuvée 2021, suivi des « 521 cris à la face du confinement » du talentueux Christophe Keip, et des émouvants portraits de « déesses silver » de la non moins talentueuse Ema Martins ! Si vous vous sentez quelque peu morveux par la lâcheté ou l’indifférence dont vous faites preuve face au dramatique sort de notre pauvre planète bleue, vous pourrez vous inspirer des pires excuses données par des anonymes ou des célébrités pour justifier leur inaction avec « Sorry children » qui vous donne également des pistes pour vous racheter… Sous la plume de Rachid Akbal, partez ensuite à la rencontre d’anciens combattants marocains de l’armée française en Indochine, avant de suivre les pas de Stevenson dans son voyage avec un âne dans les Cévennes, et ceux de James Bond à travers le monde… Quelques idées de beaux agendas et calendriers complètent cette rubrique qui foisonne d’idées de cadeaux à glisser sous le sapin ! Belles découvertes à toutes et à tous !

Perché sur un arbre, Roméo arrive enfin sur le balcon où l’attend sa Juliette… Leurs doigts s’effleurent, leurs lèvres se tendent, l’extase promise se lit déjà sur leurs visages… Ils se dévoilent tout en douceur, jouent avec leurs sens en oubliant toute pudeur ou morale, ne jouissant que de l’instant présent, de cette intimité précieuse qui fait fleurir leurs sourires et rendent leurs gestes délicats de plus en plus précis… Leurs corps s’enlacent enfin, se défont pour mieux s’étreindre avant de se laisser dériver vers un plaisir toujours plus intense : celui que l’on ressent lorsqu’on a le sentiment d’être né juste pour ce moment là, où l’on se noie dans le regard de l’autre sans jamais se lasser, pour y lire le même rêve d’un amour infini et éternel… De son trait subtil d’une rare puissance évocatrice, Lorenzo Mattoti nous dévoile en 54 dessins qui semblent s’animer sous notre regard, la nuit d’amour des amants de Vérone. De superbes croquis (réalisés à la mine de plomb) qui déroulent avec une sensibilité à fleur de peau le film de cette brève et tragique histoire d’amour, en mettant en lumière de la plus belle et respectueuse manière qui soit la beauté de ces instants fragiles et fugaces où l’âme et le corps s’élèvent à l’unisson d’un même désir. Ce superbe ouvrage, aussi sobre que raffiné, donne une irrépressible envie de découvrir les multiples facettes de Lorenzo Mattoti qui met son art bien sûr au service du dessin et de la peinture (expositions dans le monde entier, création d’affiches pour les festivals de Cannes et de la Mostra de Venise, dessins pour la presse internationale…), mais aussi de la bande dessinée (son album « Feux » a remporté de nombreux prix) et du cinéma d’animation (« La fameuse invasion des ours en Sicile« ). Grâce à ce magnifique « Roméo et Juliette », vous aurez un large aperçu de son immense talent !

Roméo & Juliette par Lorenzo Mattoti, Martin De Halleux, 2021 / 19€

Des oeuvres de Chaïm Soutine et de Willem De Kooning, rarement exposées à Paris, sont actuellement dévoilées au musée de l’Orangerie (grâce au prêt de la fondation Barnes de Philadelphie, mais aussi de propriétaires privés) pour une exposition exceptionnelle qui met en regard les chefs-d’œuvre de ces deux artistes. Une installation inédite qui met en évidence l’impact de la profonde admiration de De Kooning pour la force expressive de Soutine sur sa vision picturale : en convoquant et en se confrontant à l’œuvre de la figure emblématique de l’école de Paris, le maître de celle de New-York a indéniablement créé une troisième voie artistique, entre figuration et abstraction. Si vous ne pouvez vous déplacer pour admirer ces merveilles, ce catalogue d’exposition vous en dévoilera toute la saveur, avec la reproduction des 50 oeuvres exposées, augmentées d’analyses de spécialistes de l’histoire de l’art (Claire Bernardi, Simonetta Fraquelli, Sylvie Patry, Judith Zilczer, Pierre Wat et Lili Davenas). Suivi d’une chronologie et d’une anthologie de chaque artiste, de la fiche signalétique des oeuvres exposées et d’une bibliographie sélective, ce superbe ouvrage à la riche iconographie nous offre la plus belle trace qui soit de cet évènement tout en nous offrant les outils pour appréhender la recherche artistique de ces artistes précurseurs. Le petit plus ? La traduction en anglais de tous les essais est proposée en fin de volume !

Soutine / De Kooning : la peinture incarnée, Hazan, 2021 / 40€

Aussi captivante qu’exhaustive, cette biographie de Georgia O’Keeffe est sortie à point nommé, en même temps que l’exposition qui lui est consacrée au centre Pompidou (filez y vite si vous en avez l’opportunité, car elle se termine le 6 Décembre !). Au fil des pages de cet ouvrage, richement illustré de reproductions des oeuvres de Georgia O’Keeffe et de documents d’archives issus du Georgia O’Keeffe Museum (photographies (dont de nombreux portraits réalisés par son mari, Alfred Stieglitz), correspondances…), Alicia Inez Guzmán nous dévoile l’intimité de cette femme qui a bousculé les codes sociaux de son époque en revendiquant haut et fort sa liberté et son indépendance, mais aussi la diversité et la prodigieuse modernité de son oeuvre, inspirée par les lieux où elle a vécu (sérénité des grands espaces du Nouveau Mexique, ossements, architecture urbaine, fleurs veloutées et chatoyantes, portraits…). Ce style onirique et chaleureux, entre abstraction et figuratif, fait la force de cette artiste rebelle et voyageuse en totale osmose avec son environnement, qui répondait ainsi aux diverses considérations sur sa création « Où je suis née et comment j’ai vécu n’a pas d’importance. C’est ce que j’ai fait des lieux où je suis allée qui est intéressant »… Et on ne peut la contredire car, en nous immergeant dans son oeuvre, on ne peut que ressentir les subtiles émotions que cette magicienne faisait naître de ses doigts, en embellissant le réel… Un ouvrage incontournable pour découvrir l’incroyable personnalité de cette artiste hors du commun !

Georgia O’Keeffe : l’espace pour liberté par Alicia Inez Guzmán, Flammarion, 2021 / 25€

Anni Albers, célèbre pour ses toiles tissées, fut la seule artiste femme du Bauhaus qui a eu de son vivant une rétrospective au MoMA de New-York. Proche de la pensée d’Alfred North Whitehead avec qui elle partageait vision de l’esthétisme et positions philosophiques, Anni Albers a participé à la définition moderne du tissage dans les années 20, en établissant un lien entre l’art, l’artisanat et l’industrie. Artiste inventive et prolifique, elle a ainsi oeuvré dans les domaines du design, de l’art textile (pièces uniques tissées, création de textiles pour l’industrie), de la peinture, de la gravure et du stylisme (entre autres, création de bijoux) et fondé l’atelier de tissage au Black Mountain College où elle fut enseignante. Sa vision de l’apprentissage et de la transmission, sa certitude que l’art nous aide à mieux appréhender le monde, sa volonté de remettre en perspective les modes de pensée et de production et de questionner à l’infini ses pratiques, ont fait d’elle une pionnière. A l’époque des premiers balbutiements de la société de consommation qui ont bouleversé nos rapports culturels à la fabrication des objets usuels, sa proposition de rétablir ce lien en renouant contact avec la matière, fut pour le moins à contre-courant ! Le texte que je vous propose de découvrir aujourd’hui, rédigé telle une profession de foi par Anni Albers et abondamment illustré de reproductions de ses oeuvres, vous donnera toutes les clés pour comprendre l’approche créatrice de cette artiste à l’origine du concept d’un « design anonyme et intemporel ». Une exposition, inédite en France, lui est consacrée (ainsi qu’à son époux, Josef Albers) au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, jusqu’au 9 Janvier 2022… Après avoir lu ce livre, vous n’aurez plus qu’une envie : aller admirer l’originalité de ses créations !

En tissant, en créant : Anni Albers, Flammarion, 2021 / 21€

Les éditions Flammarion continuent d’enrichir leur belle collection « Accrochage » (dont je vous ai déjà présenté les précédents ouvrages : « Herbier » et « Rêves d’enfant« , chroniqués ici, « Lumières de la ville« , « Bestiaire« , « Au grand air » et « Dans les nuages« , chroniqués !), avec la parution de deux tout nouveaux et tout aussi superbes titres. Dans chacun d’entre eux, vous trouverez 21 reproductions d’œuvres d’art, issues d’une part de la collection de Maurice Denis (dont je vous invite à visiter le musée à Saint-Germain en Laye !), et d’autre part de celles du musée du Louvre. Le principe de ces ouvrages est aussi simple qu’original : après avoir été dûment contemplées dans leur écrin de papier, toutes les oeuvres présentées, célèbres ou plus confidentielles, (toutes détachables avec au verso leur notice officielle) pourront être accrochées sur vos murs, selon vos envies du moment (des conseils vous sont prodigués à ce sujet en fin de volume)… Et remplacées bien sûr par d’autres oeuvres au gré de vos envies ! Portraits, paysages, natures mortes : chaque ouvrage propose une grande diversité artistique pour susciter votre curiosité et votre soif d’émotions esthétiques !

Les Nabis chez Maurice Denis / Mon Louvre : 21 œuvres à encadrer, Flammarion, 2021 / 14,90€ le livre

Après vous avoir présenté le catalogue de l’exposition « Modernités suisses » (chroniqué ici !), je vous propose aujourd’hui de découvrir l’art helvète sous le regard décalé des irrésistibles Plonk et Replonk qui le revisitent avec un humour irrésistible, en nous offrant les « authentiques reproductions de vraies fausses peintures » de maîtres suisses, de la fin du 19ème au début du 20ème siècle ! Vous y découvrirez de farfelus mouvements artistiques directement issus de leur énergisante imagination (nationalgisme, bon-sauvagisme… Et autres mitouistes, pixellistes, floutistes, infantilistes, vachistes trois-points-zéro, baballistes et sculpturistes !) et la présentation d’œuvres « trafiquées » qu’ils ont imaginé être réalisées avec d’improbables matériaux (hémoglobine sur acier trempé dans l’huile et achevé sur bois dur naturel, émail sur laine, huile solaire indice 9 sur lapis-lazuli et granit, pinceau sans poils trempé dans le doute…). Un régal d’humour absurde ! En fin de volume, vous trouverez la liste des oeuvres initiales, signées par Félix Valloton, Ferdinand Hodler, Cuno Amiet et Giovanni Giacometti, qu’ils ont détournées avec autant de malice que de talent. Un ouvrage pas « sérieux » et totalement jouissif !

Suissitude ultra moderniste par Plonk & Replonk, Flammarion, 2021 / 19,90€

Voilà un projet artistique, social et politique qui, grâce à la volonté de fer de ses initiateurs, a mûri pendant près de 20 ans pour finalement être réalisé et exposé en beauté… Dans tous les sens du terme ! Cette colossale oeuvre d’art collective de 5000 m2, composée de 42 000 oeuvres individuelles réalisées sur aluminium par des artistes amateurs ou confirmés du monde entier (toutes générations confondues), se fond désormais en totale harmonie dans le somptueux paysage de la vallée de la Maurienne… Mais ce projet fou va bien au-delà d’une démarche artistique : c’est aussi une sacrée belle aventure humaine et solidaire, initiée par l’association « Solid’art Maurienne« , qui a permis à 160 personnes en grande précarité de retrouver emploi et dignité. Comment ce projet a t-il vu le jour et quelles ont été les étapes pour le mener à bien ? Yves Pasquier, concepteur et initiateur de cette mystérieuse et esthétique Aura qui fait autant rayonner son environnement que les cœurs de celles et ceux qui la contemplent, nous dévoile dans ce superbe ouvrage richement illustré de photographies des lieux, des acteurs et des oeuvres, les différentes phases du projet (genèse, lancement, partenaires (entreprises, associations, élus…), soutiens (Hubert-Félix Thiéfaine, Jean-Louis Étienne, Michel Drucker, Laurent Gerra, Bernard Hinault, Sylvain Augier… Pour ne citer que les plus célèbres !), création d’ateliers d’insertion et de différents chantiers, techniques…), jusqu’à son accomplissement. Foisonnant de détails et d’anecdotes, ce passionnant ouvrage porteur de vie et d’espoir met en lumière la richesse humaine que ces « Hommes Majeurs » ont déployée en « Ne dédaignant pas leurs rêves, reliefs du projet de leurs âmes » pour faire naître cette folle réalisation, à priori utopique. Et nul doute que les cœurs et les âmes de tous ceux qui ont participé à ce magnifique et puissant projet sont les plus purs qui soient… Si vos pas vous mènent en Savoie, allez vite admirer de près cette oeuvre unique au monde, empreinte de poésie et pétrie de valeurs intemporelles, qui délivre messages de paix et de fraternité… Un luxe à ne pas refuser par les temps qui courent, non ?!

L’Aura de Maurienne par Yves Pasquier, 2021 / 30€

La 52ème édition des rencontres de la photographie d’Arles, après une année « blanche » subie par tous les festivals en 2020, a proposé cette année une programmation particulièrement riche autour du thème de la résistance. C’est ce que vous allez découvrir en feuilletant ce superbe catalogue qui retrace la totalité du festival (expositions (et présentation de leurs commissaires), hommages (à Sabine Weiss qui a fêté cette année ses 97 ans, à Raymond Cauchetier qui a immortalisé la Nouvelle Vague…), prix, coups de coeur hors programme, formations, festival hors les murs…) augmentée d’une multitude de focus sur les photographes exposés, accompagnés bien sûr de la reproduction de leurs oeuvres. En quatre grands chapitres (« Identités fluides », « Émergences », « Atlas » et « Relectures »), nous découvrons la diversité du travail et l’immense talent de ces artistes, dont l’émouvant ou engagé regard sur le monde nous procure de vibrantes émotions que seule la photographie, lorsqu’elle est pratiquée avec un art consommé, a le pouvoir de nous faire ressentir. Un ouvrage indispensable pour tous ceux qui n’ont pu se rendre à Arles cet été… Et pour ceux qui ont eu la chance d’assister à ces enrichissantes rencontres, qui apprécieront à sa juste valeur cet album « souvenir » de très grande qualité ! A noter que deux expositions sont toujours en cours à Arles : « Jimei X Arles 2021 » (jusqu’au 3 Janvier 2022) et « Un monde à guérir » (jusqu’au 24 Avril 2022).

Les rencontres de la photographie Arles 2021 (collectif), Actes Sud, 2021 / 45€

Après avoir été exposées durant tout l’été à Aix-en-Provence (où elles ont remporté un succès amplement mérité !), les émouvantes et étonnantes photographies de Christophe Keip sont désormais réunies dans ce bel ouvrage. Émouvantes, car elles en appellent à nos propres émotions. Et étonnantes par l’originalité de la démarche de Christophe qui a demandé à ses modèles d’évacuer par le cri tous les sentiments qui les animent. Et après cette période anxiogène de confinements successifs et cette épée de Damoclès que le COVID fait régner au-dessus de nos têtes depuis plus d’un an, les motifs de vouloir évacuer sa colère, sa peur et sa tristesse ne manquent pas… Et l’on compte les rares occasions où l’on peut laisser éclater sa joie ! Lien social rompu, enfermement, privation de liberté, limites insupportables, angoisse de tomber malade ou de transmettre le virus à ses proches, isolement des étudiants précaires, artistes blessés d’être subitement devenus « non essentiels », deuils insoutenables, pathologies mal soignées faute de soignants, couples en crise, enfants déboussolés dans leurs repères, familles séparées, personnes âgées isolées en souffrance, détresse et fatigue des soignants, chômage, faillites, dépressions… La liste des maux que l’on doit à la pandémie est longue et touche tout le monde, que l’on soit jeune ou vieux… Christophe Keip, face à ce constat, a eu la judicieuse idée de capturer les expressions et la gestuelle de femmes, d’hommes et d’enfants, au moment où ils évacuaient, sur sa demande, leur stress et leur angoisse dans un hurlement libérateur. Par la puissance évocatrice de ces clichés, criants de vérité et profondément humains, Christophe nous tend un miroir face à nos propres douleurs et désarrois, d’une façon particulièrement troublante : visages implorants ou déformés par la colère, poings serrés ou mains tendues défilent ainsi au fil des pages, dans un diaporama intime qui en appelle à notre humanité. Préfacé par Charles Berling et Stéphanie Brillant, cet ouvrage nous intime avec force et délicatesse de « Cesser d’être sourd à ce qui hurle en nous et à apprendre à entendre les hurlements des autres »… Pari réussi ! Christophe Keip, de son regard bienveillant, a érigé le cri en art et lumineusement souligné sa nécessité libératrice, qu’il nous transmet émotionnellement et artistiquement avec un talent fou et une sacrée belle sensibilité. Chapeau bas !

#Hurlealavie : 521 cris à la face du confinement par Christophe Keip, Belles Balades, 2021 / 30€

Si les femmes vivent douloureusement le vieillissement de leur corps, elles doivent surtout ce mal-être au regard que l’on porte sur elles, dans une société où le paraître est devenu la loi, et où elles deviennent, passés leurs cinquante ans, bien trop souvent la proie aux remarques désobligeantes sur leur âge. En un sublime éloge des femmes mûres, Ema Martins a capturé d’un regard tendre et délicat les visages de femmes « Silver » dont elle met en lumière la beauté, qui va bien au-delà des apparences… Mannequins, comédiennes ou danseuses, ces femmes magnifiques, en première ligne de cette guerre du jeunisme qui les mettent au rebut dès les premières ridules, nous dévoilent par leurs gestes, leurs attitudes et leurs regards, leurs blessures enfouies mais aussi et surtout leur farouche volonté de s’assumer en toute liberté. Face à l’objectif bienveillant d’Ema, elles révèlent alors à ceux qui les contemplent la carte de leurs expériences et la force qui les anime. Profondément féministe, cet ouvrage nous offre de somptueux portraits réalisés dans un noir et blanc aussi puissant qu’élégant, accompagnés des témoignages de ces femmes qui se sont livrés corps et âme devant Ema, au fil de cinq grands chapitres aux titres évocateurs (« Invisibilité », « Incertitude », « Renaissance », « Désillusion », Émancipation »). Ema, en nous révélant l’éclat de ces femmes épanouies, nous prouve en beauté que le temps n’a pas de prise sur le charme de l’éternel féminin… Ainsi soient-elles, toujours aussi belles et toujours plus émouvantes…

Ainsi soient-elles : ode aux déesses silver par Ema Martins, Kiwi, 2021 / 20€

Dérèglement climatique, extinction des espèces, épuisement des ressources naturelles… Comment réagissons-nous face à ces catastrophes annoncées qui mettent en péril la survie de l’espèce humaine à brève échéance ? Et comment justifier notre passivité devant un tel drame face aux générations futures ? Notre peur paralysante, notre colère stérile, notre sentiment d’impuissance, notre foi aveugle envers les politiques ? Mais quelle est notre responsabilité individuelle ? Se poser les bonnes questions et chercher les actions que nous pouvons mener pour freiner ce processus implacable, c’est le moins que nous pouvons offrir à nos enfants pour leur éviter de payer les pots cassés de notre inconsistance. Cessons de nous voiler la face en laissant toute la responsabilité « aux autres » (les autres, c’est nous aussi !) et agissons vraiment ! Cet ouvrage, réalisé par Pierre Charrier et Grégory Poinsenet, fondateurs du projet associatif « Sorry Children » qui a fait le Buzz sur les réseaux sociaux (« #lapireexcuse« ), réunit les photographies (captées par le street artiste Josef Hélie) de citoyens lambda et de nombreuses personnalités qui se sont prêtés au jeu (Nicolas Hulot, Cyril Dion, Corinne Masiero, IAM, Anny Duperey, Noam Chomsky, Hugo Clément, Guillaume Meurisse… Pour n’en citer que quelques-uns !) en se laissant photographier, panneau à la main avec la « pire excuse » qu’ils pourraient donner à leurs enfants pour justifier leur manque de résistance face aux décideurs et aux sirènes de la consommation à outrance. Des excuses graves et profondes, mais aussi décalées et trempées dans un humour acide, qui nous font réfléchir à notre propre comportement… Des statistiques (forcément glaçantes…), des solutions d’experts (à méditer et à mettre en pratique) et une multitude de conseils de livres, podcasts, films et autres sources d’information nous sont également délivrés au fil des pages de cet ouvrage positif qui nous engage à ouvrir les yeux et à retrousser nos manches. Un livre engagé… Et engageant !

Sorry children : les pires excuses à donner demain à nos enfants pour avoir ravagé la planète et autant d’actions pour réagir aujourd’hui par Pierre Charrier et Gregory Poinsenet (photographies de Josef Helie), Alternatives, 2021 / 20€

Ce superbe ouvrage est le fruit de la rencontre entre le comédien et conteur Rachid Abkal et d’anciens soldats marocains qui ont combattu en Indochine au sein de l’armée française. Des hommes qui, comme tous les anciens combattants « indigènes », sont toujours tenus de vivre en France six mois de l’année pour pouvoir continuer à percevoir leur pension de guerre… C’est à Bordeaux, à l’invitation de l’association culturelle « Chahuts« , que Rachid a rencontré ces « chibanis », et qu’à partir de leurs témoignages il a tissé le récit qu’il nous présente aujourd’hui, accompagné des aquarelles, délicates et troublantes de vérité, de Lætitia Vassal. Un récit (qui bénéficie d’une traduction en arabe) où il restitue la parole de ces hommes pour nous dévoiler leur vécu de combattants, mais aussi leur quotidien dans ce » petit coin de France » où ils vivent la moitié de l’année, entre deux séjours « au pays ». Après nous avoir présenté sa démarche et la genèse de ce « chemin de douces ronces » qui l’a amené auprès de ces hommes humbles et émouvants, Rachid nous délivre un récit intime entre passé et présent, entre les confidences recueillies et les correspondances imaginaires qu’ils auraient pu entretenir avec leurs familles durant la guerre, et la description de leurs déambulations d’aujourd’hui dans les rues de Bordeaux. Un récit mémoriel, émouvant et nécessaire, où la parole de ces hommes, libérée par les mots sensibles de Rachid, nous invite à regarder en face notre passé colonial, et à ne pas oublier le sacrifice de ces hommes qui n’ont pas été, et ne sont toujours pas traités comme ils l’auraient mérité, en toute justice…

Empreintes par Rachid Akbal, illustré par Lætitia Vassal, Images Plurielles, 2021 / 14€

Après un chagrin d’amour, Robert Louis Stevenson entreprit à l’automne 1878 un voyage solitaire dans les Cévennes, uniquement accompagné d’une ânesse joliment baptisée « Modestine ». Un périple propice à la réflexion (près de 200 kilomètres parcourus en douze jours), qui lui a inspiré un texte connu de tous. C’est aux étapes de ce vagabondage insolite que nous convie cet ouvrage, où les mots de Stevenson s’accompagnent d’une riche iconographie de photographies et de cartes postales anciennes : au fil du récit, des scènes quotidiennes de l’époque s’offrent à notre regard, les paysages défilent et les évènements historiques sont retracés dans leur contexte dans un fabuleux voyage dans le temps. Du Velay au Mont Lozère, du Gévaudan à Notre-Dame-Des-Neiges, jusqu’au pays des camisards dans la vallée du Tarn, on suit les traces de cet écrivain qui « voyageait non pas pour aller quelque part, mais pour marcher ». Après lecture de ce superbe ouvrage dûment documenté, vous n’aurez plus qu’une envie : celle de mettre vos pas dans ceux de cet illustre auteur, en arpentant à votre tour « Le chemin de Stevenson » !

Voyage avec un âne dans les Cévennes de Robert Louis Stevenson, périple illustré par Jean-Marie Gazagne et Marius Gibelin, De Borée, 2021 / 26,50€

Depuis sa première mission en 1962, Le plus célèbre des agents de sa Majesté, sous les traits de différents interprètes, a sillonné la planète de long en large pour vivre de palpitantes aventures qui nous ont tenu et nous tiennent toujours en haleine, quelque 25 films plus tard… Et oui ! La classe, le flegme et le courage de 007 font toujours recette et font irrémédiablement exploser le box office, quel que soit l’acteur qui endosse le smoking ! Mais où ont été réellement tournées les scènes de ces mythiques films ? Et dans quelles conditions ? Vous trouverez toutes les réponses à vos questions sur le sujet avec ce magnifique atlas cinématographique, richement illustré de photos et de cartes détaillées, qui nous dévoile une multitude de secrets et d’anecdotes sur chacun des tournages du célèbre espion adulé du public. De « James Bond contre Dr No » à « Spectre », vous voyagerez à ses côtés de la Jamaïque en Turquie, des Bahamas au Japon, de la Californie au Brésil et vers bien d’autres destinations dépaysantes, dans un passionnant tour du Monde au coeur du septième art ! Un ouvrage incontournable pour tous ses fans !

Bons Baisers du Monde par Guillaume Evin et Laurent Perriot, Dunod, 2020 / 29,90€

Et pour terminer, quelques agendas et calendriers pour bien démarrer 2022 !

Mesdames, cet agenda est fait pour vous ! Réalisé en collaboration avec la rédaction du magazine « Causette« , il fourmille d’informations et d’anecdotes sur l’histoire des femmes et du féminisme, distillées avec humour et passion au fil de ses pages, dans une mise en page claire et joyeuse qui vous laissera toute place pour noter vos rendez-vous. Vous y trouverez des dossiers sur des personnalités féminines (Malala, Hypathie d’Alexandrie, Toypurina, Julia Pietri, Laure Moulin, Axelle Jah Njiké, Jessica Wade) ou sur de grandes causes les concernant (les femmes en politique, tabou des règles et précarité menstruelle, harcèlement fait aux femmes, point sur le cancer du sein, les féminicides dans le Monde), mais aussi un top 5 des sites sur le droit des femmes, des enfants et de la communauté LGBT, votre horoscope du mois, des citations, des dates-clés, des dessins humoristiques, des dictons rigolos et des recettes farfelues qui vous mettront de bonne humeur tout au long de l’année ! Un agenda aussi pratique qu’esthétique qui vous informera tout en vous donnant le sourire !

L’agenda Causette 2022, First, 2021 / 14,90€

Cet agenda, réalisé par Muriel Gilbert (correctrice au journal « Le Monde », chroniqueuse sur RTL et auteure de la trilogie « Un bonbon sur la langue« ), va combler toutes celles et ceux qui sont attentifs à la justesse des mots ! En plus des fonctionnalités inhérentes à tout agenda qui se respecte (larges encarts pour noter rendez-vous et pensées du jour), il propose à chacune de ses pages une multitude d’informations sur l’origine des mots et de nombreuses astuces pour déjouer les pièges grammaticaux et orthographiques qui font la difficulté, mais aussi tout le charme, de la langue française. Fort joliment illustré (ce qui ne gâche rien !), cet agenda vous permettra chaque jour d’en approfondir les subtilités de manière ludique… Car il ne manque ni de sel ni d’humour ! En fin de volume, un quiz vous permettra de vérifier si vous avez été un élève studieux et attentif à l’enseignement de cette amoureuse des mots dont la passion est des plus contagieuses !

L’agenda des amis des mots 2022 par Muriel Gilbert, Vuibert, 2021 / 14,90€

Cet agenda « Feel good » vous aidera à aborder l’année 2022 avec le sourire grâce aux illustrations pleines de peps de Mathou qui a parsemé au fil de ses pages une multitude de petits dessins et de citations (tirées de la sagesse populaire mais aussi de répliques de films ou d’extraits littéraires) irrésistibles d’humour… Qui vous boosteront le moral chaque jour de l’année ! Côté pratique, comment se présente t-il ? Vous trouverez chaque mois le calendrier pleine page, assorti d’un « point astro » rigolo, et de petites rubriques qui font du bien (langage des fleurs, recette de cocktail…). Chaque semaine, vous disposerez d’une page confortable pour noter vos rendez-vous et d’une seconde pour y apposer vos petites pensées quotidiennes. Et le côté ludique ? Quatre pages de coloriages, des « to do lists » (films et séries à voir, livres à lire, liste de projets, de petits bonheurs…), une jolie pochette cartonnée pour mettre bien au chaud petits secrets et billets doux, et tout plein de stickers pour mettre de la couleur et de la légèreté tout au long de l’année, vous sont également proposés !

En plus de ce joli agenda à glisser dans votre sac, Mathou vous propose également un superbe calendrier mural (au très très grand format !), où vous pourrez admirer chaque mois de très belles photographies où ses dessins s’invitent malicieusement… Et en cadeau, quatre chouettes cartes postales vous sont offertes !

Joyeux journal 2022 / Calendrier mural 2022 par Mathou, First, 2021 / 12,95€ l’agenda / 9,95€ le calendrier

Christine Le Garrec