Pour bien démarrer cette nouvelle année, je vous propose une sélection de bandes dessinées qui vont vous réchauffer le coeur et l’esprit ! Vous y trouverez matière à réflexion et à émerveillement avec le somptueux « Bouvaert » du très talentueux Simon Spruyt, de l’humour avec les « Racontars arctiques » de Jorn Riel savoureusement mis en scène et en images par Gwen de Bonneval et Hervé Tanquerelle, les irrévérencieux dessins de presse de Vuillemin, les délirantes élucubrations d’un « Alain au pays des merveilles » où vous serez largement mis à contribution… Ou encore le très novateur « Deux manches et la belle » réalisé en 1930 par Milt Gross et pour la première fois édité en France ! L’amour est aussi bien présent dans cette rubrique : inattendu sous le trait sensuel d’Alfred, il se fait aussi bref qu’intense dans la romance entre Juliette et son « Roméo » Miles Davis relaté avec passion par Salva Rubio et Sagar ! Pour terminer, un petit tour de France des terroirs en compagnie du chef Camdeborde, magnifié par l’inimitable trait de Jacques Ferrandez, la fin programmée de « Darnand, le bourreau français », une lumineuse biographie dessinée de Tolkien qui éclaire nos lanternes sur la genèse de son oeuvre… Et les tomes 2 et 3 de la série « Mages » dont je vous avais présenté le premier volet dans un précédent « papiers à bulles ! » Belles et bonnes lectures à toutes et à tous… Et bonne année à tous les bédéphiles !
Simon Spruyt nous offre avec ce somptueux « détournement biographique » le portrait imaginaire de Bouvaert, un peintre flamant du 17ème siècle, inspiré du célèbre Rubens. Une libre interprétation mise en images dans un fabuleux dessin au crayon gras, coloré à l’aquarelle et aux aplats numériques, dans une chatoyante palette de couleurs qui nous immerge en plein coeur de cette époque avec une rare élégance… Du velours pour le regard ! Quant à l’histoire, elle met en scène un peintre ambitieux en quête de gloire qui fait ses classes en Italie, à la cour de Mantoue où il réalise à la chaîne les portraits des maîtresses du maître des lieux, puis à Rome, non sans déboires, pour le compte de l’église. Pendant qu’il exerce ses talents et aiguise sa réputation, son frère, resté en Flandres auprès de leur mère, vivote en donnant des cours de latin tout en s’essayant à la littérature sans rencontrer le succès qu’il aspire de ses voeux, avec son « ode à un âne »… Simon Spruyt explore avec délicatesse et acuité les relations en déséquilibre de ces deux frères, l’un glorifié pour son talent qu’il a pu faire prospérer en faisant preuve d’indépendance et d’égoïsme, le second, dévoué et effacé, se retrouvant avec le sentiment amer de s’être sacrifié sans avoir récolté le moindre laurier de ses obscurs écrits… Simon Spruyt nous invite à travers ce magnifique roman graphique à une réflexion sur la création et sur les limites que ses acteurs se fixent ou non pour arriver à la postérité, avec un humour subtil résolument ancré dans une ironie de bon aloi… Et un prodigieux talent ! Un flamboyant bijou !!!
Bouvaert : élégie pour un âne de Simon Spruyt, Casterman, 2019 / 25€
« Un racontar, c’est une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge… A moins que ce ne soit l’inverse ! « Voilà la définition donnée par l’admirable et truculent Jorn Riel au sujet de ses petites histoires de trappeurs du Groenland, confinés durant de longs mois dans leurs cabanes perdues sur la banquise et confits dans l’alcool fort distillé par leurs soins ! Je vous ai présenté dans mon dernier « Histoire(s) de lire » les premières tribulations de ces tartarins de la banquise (« La vierge froide », « Safari arctique » et « La passion secrète de Fjordur ») réédités chez Gaïa dans une jolie collection de poche (chronique ici !). Je vous propose aujourd’hui de (re)découvrir ces fabuleux personnages et leurs aventures burlesques dans une version dessinée qui leur donne le relief et la substance qu’ils méritaient sous les talents conjugués de Gwen de Bonneval et d’Hervé Tanquerelle qui nous en offrent une « vista » irréprochable et férocement drôle ! Si vous avez tout comme moi adoré ces sauvages au grand coeur, ils sont tels que vous pouviez les imaginer sous la plume de Jorn Riel : le dessin en noir et blanc en aquarelle sublime les paysages et illumine les trognes de ces attachants roublards hirsutes terriblement ressemblants à l’idée que l’on se faisait d’eux ! Cette intégrale qui regroupe les trois tomes déjà édités chez Sarbacane (« La vierge froide », « Le roi Oscar » et « Un petit détour »), donne de la matière avec maestria aux racontars de Jorn Riel… On en rêvait ? Gwen et Hervé l’ont fait ! Merci Messieurs… Et bravo !
Racontars arctiques de Gwen de Bonneval et Hervé Tanquerelle (d’après Jorn Riel), Sarbacane, 2019 / 29,90€
Un train qui arrive avec six heures de retard, une valise perdue, une réservation à l’hôtel annulée car non confirmée, une chaleur torride… Le séjour de Germano dans cette petite ville italienne où il se rend pour le vernissage de l’expo de sa fille, ne commence pas sous les meilleurs auspices… D’autant plus que ce loser aussi malchanceux que lunaire s’est trompé d’une semaine dans les dates et que personne ne l’attend sur place ! Quant à l’hôtel où on lui propose gentiment un canapé en attendant qu’une chambre se libère, il est en pleine effervescence car les agapes d’un grand mariage y seront célébrées le soir même… Et Vico, le marié, n’est autre qu’un très envahissant ami d’enfance de Germano, perdu de vue et qui aurait dû le rester ! Totalement déboussolé par cette succession de péripéties, Germano croise Elena, l’ex compagne de Vico, qui elle aussi se demande ce qu’elle fiche au milieu de toute cette agitation… Les rencontres inattendues étant bien souvent les plus belles, ces deux-là vont se laisser aller à de doux épanchements… Alfred signe avec « Senso » une comédie romantique saupoudrée d’humour tendre, qui met en lumière les fragiles premiers balbutiements amoureux, avec une grâce aussi subtile que délicate, à l’image de son trait inimitable. Sous les décors oniriques d’un mystérieux et envoûtant jardin à l’italienne, il fait sienne la maxime « Carpe Diem » en nous invitant avec infiniment de pudeur mais aussi avec une belle sensualité, au ballet de l’intimité des sens et des sentiments… Une merveille !
Senso d’Alfred, Delcourt, 2019 / 19,99€
La BD dont vous êtes le crayon… Sur ce texte d’accroche un peu mystérieux se cache un concept des plus originaux ! Au fil des pages, l’histoire laisse en effet toute place à l’imagination et à la créativité du lecteur qui devra remplir les « vides » laissés malicieusement par les auteurs en rédigeant des textes, en dessinant, ou en terminant les illustrations inachevées ! Le pitch du scénario ? Alain, désabusé auteur de BD lassé de galérer, décide de se « caser » dans un sinistre emploi au ministère de la censure (les temps sont durs…). Mais au premier jour d’embauche, le malheureux se paume dans le dédale des couloirs de l’établissement et tombe sur Rachid, une créature tout en gribouillis, qu’il surprend en train de voler un tampon du ministère… Il le poursuit, et telle Alice, se retrouve dans une autre dimension, au coeur d’Imagiland, pays des merveilles et de la création. Un paradis ? Il le serait sans les ignobles « centosaures » qui effacent à l’aide de leurs monstrueuses gommes les habitants, les dialogues et les décors de cet Éden de la création ! N’écoutant que son courage, Alain entre en résistance contre ces censeurs… Mais il aura besoin de votre aide pour déjouer leur sinistre besogne ! Humour déjanté et esprit fantasque planent au-dessus de cette BD à nulle autre pareille, à l’ambiance bien barrée (adoubée sans surprise par Alain Chabat qui a dû entrer dans cet univers comme dans une confortable paire de charentaises !) qui dénonce au passage le sort des auteurs et illustrateurs de BD de plus en plus en proie à des difficultés financières malgré la grande vitalité du neuvième art. Cette BD à compléter, inclassable, originale et forcément unique d’un lecteur / créateur à l’autre, vous offre l’occasion d’exercer votre talent créatif et votre imagination en (presque) toute liberté, en même temps que de salvateurs moments de poilades en tous genres ! Vous pouvez envoyer vos planches (et oeuvres !) sur Instagram (#alainaupaysdesmerveilles) pour faire durer cette aventure interactive… Sûr que ces allumés et néanmoins fort talentueux auteurs vous en remercieront !
Alain au pays des merveilles de Davy Mourier, Monsieur Poulpe et Ariel Bittum, Delcourt, 2019 / 19,99€
Après avoir collaboré à « L’écho des Savanes » et à « Hara Kiri », fait les 400 coups avec Berroyer et le professeur Choron (entre autres !), Maître Vuillemin met désormais son talent au service de Charlie Hebdo depuis l’an 2015. Son trait à la ligne « crade » (comme il le définit lui-même) se reconnaît au premier regard, en même temps que son humour féroce et totalement irrévérencieux qui n’est pas sans rappeler le Reiser de la grande époque ! Décidément, y a pas photo… Vuillemin est un seigneur du dessin de presse ! Pour vous en convaincre, il suffit de savourer la centaine de pépites, parues chez Charlie entre 2015 et 2018, qui parsèment son dernier opus. Politique, culture, religion, société… Personne n’est épargné sous le crayon railleur de Vuillemin qui se paie même le luxe de revisiter quelques pages d’Histoire « avec une grande H » à travers le le déroulement de quelques évènements commis par les « grands » qui l’ont marquée, souvent à boulets rouges, (de Pyrrhus à … Pierre Messmer ! ) et quelques illustres classiques de la littérature « en trois coups de cuillère à pot » (« Moby Dick », « La divine comédie », « Guerre et paix », « Le petit Prince », « A la recherche du temps perdu », « En attendant Godot », « Le vieil homme et la mer » et « L’étranger »). Sanglant, violent, bête et méchant à l’image de l’humanité qui l’inspire, ce sulfureux et jouissif jeu de massacre orchestré par un Maestro Vuillemin au taquet, atteint son but si celui-ci était de vous mettre les zygomatiques en feu !
Y a pas photo ! de Vuillemin, Les Échappés, 2019 / 19,50€
Bonne cuisine = produits de qualité. Produits de qualité = amour du produit et respect de l’environnement. Cette équation qui tombe sous le bon sens, est le crédo d’Yves Camdeborde qui, tout au long de ce passionnant ouvrage, nous dévoile sa philosophie de la bonne chère par la présentation des producteurs, et néanmoins amis, auprès de qui il se ravitaille depuis de nombreuses années pour son restaurant parisien. C’est donc à un vaste tour de France gastronomique qu’il nous convie, à un voyage gourmand magnifié par les superbes illustrations d’un Jacques Ferrandez très inspiré par la beauté des paysages rencontrés et qui les restitue de son crayon magique avec un talent qu’il n’a plus à prouver depuis fort, fort longtemps ! Pendant un an, le chef et le dessinateur ont donc rencontré viticulteurs, éleveurs, maraîchers, apiculteurs, fromagers, boulangers (et même couteliers !) qui nous transmettent avec force et simplicité la passion qui les anime, sans omettre les nombreuses difficultés qu’ils rencontrent au quotidien. Histoires d’hommes et de femmes, histoires d’amitiés scellées par le goût de l’authenticité et de la qualité, « Frères de terroir » conjugue le sérieux du documentaire avec l’esthétisme irréprochable d’une bonne et même très bonne bande dessinée. Cerise sur le gâteau, de nombreuses recettes vous sont proposées au fil de ce road-movie qui met l’eau à la bouche !
Frères de terroir de Jacques Ferrandez et Yves Camdeborde, Rue de Sèvres, 2019 / 35€
Alors qu’il n’est encore qu’un jeune mais prometteur trompettiste, Miles Davis est invité à Paris dans un festival international de jazz. On est en 1949 et les caves enfumées de Saint-Germain des Prés, fréquentées par les figures de l’existentialisme et des milieux intellectuels, vibrent au son du jazz et du Be-bop dans un climat de liberté totale et d’effervescence artistique. Miles, confronté à la ségrégation raciale aux USA, est ébloui par l’accueil qui lui est réservé en France, mais aussi par l’apparition d’une jeune femme belle et mystérieuse qui tombe illico sous son charme mais aussi sous celui de sa musique… Égérie de Saint-Germain des Prés, Juliette Gréco va prendre sous son aile ce jeune musicien et, le temps d’une semaine, tous deux vont vivre une folle passion amoureuse qui marquera à jamais leurs deux esprits et transformera la musique de ce prince incontestable et incontesté de la trompette… Dans ce récit vibrant de bonnes vibrations, on suit les traces de ce magnifique musicien qui a révolutionné le monde du jazz, en compagnie des figures mythiques qui ont fait naître le bouillonnement culturel et artistique de ces années, croisant avec bonheur, entourés de ces deux tourtereaux de légende, un Boris Vian admiratif et exalté, Sartre, Beauvoir, Camus, Picasso ou Giacometti, mais aussi les grands du jazz américain, les immortels Charlie Parker, Duke Ellington, Gil Evans et tant d’autres… Cette plongée au coeur d’une époque dont on ne peut garder que la nostalgie lorsqu’on l’a vécue ou l’amertume d’être né trop tard, est immortalisée par le somptueux dessin de Sagar qui nous immerge dans la sensualité des êtres et de la musique dans une partition graphique irréprochable et troublante de beauté. Ce biopic ne comblera pas seulement les adeptes de Miles Davis et de Juliette Gréco… Mais tous les amoureux de cette époque bénie !
Miles et Juliette de Salva Rubio et Sagar, Delcourt, 2019 / 16,95€
Publié en 1930 aux USA, « Deux manches et la belle » a été réalisé par Milt Gross, que l’on peut indéniablement qualifier de précurseur du roman graphique. Jamais édité en France, ce joyau sans parole nous laisse nous aussi sans voix par l’énergie dégagée par ces petits personnages de papier qui semblent s’animer sous le crayon de ce cartooniste de génie (qui a travaillé comme « Gag Man » pour Charlie Chaplin, à qui il ressemble d’ailleurs étrangement !), tout au long de cette parodie de comédie sentimentale dont la construction repose sur les ingrédients des cartoons et les ficelles du cinéma muet. Ce chef d’oeuvre d’innovation créatrice enrobé d’un humour furieusement moderne et « animé » d’un sens du rythme et du mouvement à nul autre pareil, a inspiré (entre autres !) Tex Avery, Will Eisner et Osamu Tezuka dont il est aisé de reconnaître à quel point le travail de Gross a influencé le leur ! Cette comédie humaine saupoudrée d’une bonne dose de social (à la Chaplin, justement !) met en scène une jolie chanteuse de bar sauvée in extremis des pattes d’un horrible violeur par un costaud et valeureux jeune trappeur. Début d’une love story ? Oui ! Mais hélas, leur idylle sera bien vite mise à mal par les exactions d’un richissime homme d’affaires qui fera tout pour séparer les tourtereaux, allant jusqu’à épouser la belle après lui avoir fait croire que son fiancé était passé de vie à trépas… Une femme fragile en détresse, un costaud au coeur tendre, un homme riche sans scrupules, des coups du sort, des rebondissements à gogo, de l’humour, des baffes, des baisers, de l’amour… Les péripéties de tous poils s’enchaînent à un rythme d’enfer tout au long des 270 pages de ce petit bijou qui se termine, bien sûr, par une happy end de derrière les fagots ! Ce fabuleux roman graphique se passe aisément de mots pour nous enchanter : il suffit d’ouvrir grand les yeux et de laisser libre cours à la petite musique de Milt Gross, furieusement drôle et terriblement novatrice pour tomber illico sous son charme ! Rarement le terme d’incontournable n’aura été mieux utilisé que pour qualifier cet ouvrage à placer de toute urgence entre vos mains avant qu’il intègre une place de choix au coeur de votre bibliothèque !
Deux manches et la belle de Milt Gross, La Table Ronde, 2019 / 28,50€
Voici enfin le dénouement de cette trilogie dédiée à Darnand, héros de la guerre de 14 et collaborateur notoire de la seconde guerre mondiale. Vous pouvez prendre connaissance de mes deux précédentes chroniques (ici et là !) pour vous remettre en mémoire les tenants et aboutissants de cette authentique page d’Histoire, brillamment mise en images et en mots par Fabien Bedouel et Patrice Perna. Dans ce dernier opus, on assiste aux derniers soubresauts du destin sombrement tragique de ce personnage haineux, nationaliste à l’extrême aux convictions bien ancrées, hostile à la république qu’il jugeait illégitime et fondateur de la Milice de sinistre mémoire, avec en toile de fond l’amitié qui le reliait à Ange (personnage fictif), compagnon d’armes de 14/18, qui fit des choix opposés aux siens en intégrant la résistance. Sans pitié et dénué de tout état d’âme, Darnand tenta de rejoindre l’Amérique du Sud lors de la débâcle allemande, fut capturé et remis à la justice française qui le fusilla pour ces nombreux crimes et pour sa trahison envers son peuple… Patrice Perna nous offre avec le portrait complexe de ce salaud peu ordinaire, un scénario aussi haletant que documenté, superbement mis en images par Fabien Bedouel dans un dessin réaliste qui rehausse à merveille la brutalité des hommes et du conflit. Tendu comme un thriller, « Le bourreau français » nous a tenu en haleine avec flamboyance, de manière juste et avec suffisamment de recul pour laisser toute place à une saine réflexion sur cette époque douloureuse. A lire et à relire, et à faire découvrir aux jeunes générations !
Darnand le bourreau français (tome 3/3) de Fabien Bedouel et Patrice Perna, Rue de Sèvres, 2019 / 15€
Willy Duraffourg, dans un scénario aussi brillant que fort documenté, retrace pour nous la genèse du « Seigneur des anneaux » à travers le destin de son créateur, dans cette passionnante biographie dessinée par Giancarlo Caracuzzo, dans un trait simple, expressif et évocateur. Tous deux nous éclairent avec talent sur son enfance, sa jeunesse, la rencontre contrariée avec Edith qui deviendra son épouse, sa passion pour les langues anciennes qu’il partageait avec ses amis au sein du club TCBS (Tea Club Barrovian Society) où la poésie et la littérature scellait leur indéfectible amitié, son engagement en 1915 à l’âge de 23 ans dans cette terrible guerre qui faucha tant de destins et transforma à jamais sa vision de l’humanité… Au fil des pages, apparaissent en filigrane ses premiers poèmes qui esquissent sans le dévoiler l’univers de cette « Terre du milieu » qui fera sa gloire et le bonheur de ses lecteurs… Cette précieuse BD va sans l’ombre d’un doute combler les admirateurs de Tolkien et les aider à mieux appréhender son processus créatif (en fin de volume, ils trouveront « Dans la bibliothèque de J.R.R.Tolkien », la liste des ouvrages qui furent pour lui de fabuleuses sources d’inspiration). Comme un bonheur n’arrive jamais seul, une très belle exposition, « Tolkien, voyage en Terre du Milieu« , est en cours à la BNF jusqu’au 16 Février prochain (infos pratiques ici !). Si tout ça ne vous donne pas envie de (re)lire l’oeuvre de Tolkien, vous pourrez toujours vous (re)plonger avec délices dans la trilogie de Peter Jackson… En attendant de découvrir la série en cours de tournage qui devrait sortir en 2021 !
Tolkien : éclairer les ténèbres de Willy Duraffourg et Giancarlo Caracuzzo, Soleil, 2019 / 17,95€
Après « Aldoran » l’élémentaliste (chronique ici !), la série « Mages » continue d’explorer le monde de la magie sous toutes ses formes avec « Eragan » l’apprenti mage runique et « Althérat » le nécromancien… Il ne nous reste plus qu’à patienter avant de découvrir « Arundill » l’alchimiste qui clôturera cette série de Héroïc Fantasy de très belle facture !
Kevoram, capitaine de l’Ordre des Ombres, se rend au monastère de Drahanan en compagnie du nain Bagr, de l’elfe Leïwa, de la princesse Alyna… et d’Eragan, son apprenti aussi rebelle que malchanceux qui a le chic pour provoquer des catastrophes avec ses sortilèges ! Le but de cette retraite loin du monde, en plus d’y représenter leur ordre et de veiller à la sécurité des moines, est bien sûr d’approfondir leurs connaissances sur la magie runique auprès de ces érudits… Et concernant Eragan, cette année d’études ne sera certes pas superflue ! Hélas, peu après leur arrivée, un moine est assassiné et dans la salle où l’on découvre son corps sans vie, des runes écrites en lettres de sang recouvrent les murs… Eragan l’effronté malhabile sera t-il à la hauteur de cette énigme ? Humour, magie et suspense font bon ménage au coeur de ce scénario qui fait fortement penser à celui du « Nom de la rose » d’Umberto Eco ! Magnifié par les superbes illustrations de Stéphane Créty qui donnent toute sa saveur à cet univers onirique, ce second tome remplit toutes ses promesses !
Mages : Eragan (tome 2) de Nicolas Jarry et Stéphane Créty, Soleil, 2019 / 14,95€
Altherat est le mage attitré de Goddrick, un roi ambitieux et cruel qui élimine sans le moindre scrupule tous ceux qui osent s’affronter à lui… Si Altherat méprise son roi et n’adhère pas à ses idées de conquête, il respecte cependant la nouvelle loi en vigueur soumettant les mages à une obéissance aveugle envers leur maître : en cas de défaillance, ceux-ci risquent au mieux l’emprisonnement, au pire la peine de mort. Seul son amour pour Aryann, son épouse adorée qu’il a ressuscitée d’entre les morts, donne un sens à la vie de ce nécromancien puissant… Mais Goddrick, dans sa folie des grandeurs, décide d’annexer les trois autres royaumes d’Yrlanie au sien et convoque le roi Erik et son mage, les seuls prêts à faire allégeance pour éviter une guerre sanglante. Lorsque ceux-ci meurent empoisonnés avant que les pourparlers ne commencent, on découvre que le poison utilisé n’est autre que celui d’Altherat… Pour prouver son innocence et sauver sa vie, le mage devra découvrir les coupables de ce double meurtre, alors que la guerre, inévitable désormais, va secouer le royaume d’Yrlanie… Quête de pouvoir, trahisons et amour d’outre-tombe sont les ingrédients de ce troisième volet au scénario impeccable servi par les somptueux décors de Laci. Une réussite sur tous les plans !
Mages : Altherat (tome 3) de Jean-Luc Istin et Laci, Soleil, 2019 / 15,50€
Christine Le Garrec