Les dés du destin en sont jetés… Pour Lazare Bruandet, peintre hors-la-loi au cœur de la Révolution française… Pour un jeune italien d’origine juive, contraint de quitter sa patrie à l’arrivée au pouvoir de Mussolini… Pour Bix, musicien de jazz, mort à la fleur de l’âge… Pour Jean, qui trouva sa vocation d’auteur de BD à la mort de son père… Et pour une pièce radiophonique devenue mythique après avoir terrorisé l’Amérique… Je vous propose de découvrir ensuite deux superbes adaptations des romans d’Orwell (« 1984 ») et de Melville (« Moby Dick »), suivies de la très philosophique (et drôlissime) rencontre entre un Smartphone et un balayeur ! On continue avec de l’humour toujours et encore avec une « pol fiction » de choc (« Le président »), une hilarante et radicale histoire antispéciste (« Maharadchat ») et la déclaration d’amour de Tronchet pour les « footeux » du Dimanche dont il est un farouche adepte ! Pour conclure, « Où est le club des chats » pourra passer entre les mains de toute la famille : de celles des enfants, à celles de ceux qui ont su le rester !!! Belles et bonnes lectures à toutes et à tous !
Un personnage, ce Lazare Bruandet ! Peintre naturaliste à la sensibilité exacerbée, celui-ci refuse tout académisme et se moque comme de colin-tampon de toute idée de gloire et de postérité… Colérique, anticonformiste, alcoolique notoire et prompt à dégainer l’épée avec quiconque se mettant en travers de sa route, ce peintre hors normes est bien loin d’être recommandable ! D’ailleurs, c’est la maréchaussée collée à ses basques (après le décès de son épouse malencontreusement jetée par la fenêtre de leur appartement !), que celui-ci se voit contraint de fuir un Paris en ébullition : on est en 1793, Louis XVI vient tout juste de passer sur l’échafaud, et la Terreur règne dans la capitale en pleine guerre civile… Aidé par un de ses rares amis peintre, Bruandet, désormais hors-la-loi, part donc se réfugier à la campagne chez des moines qui acceptent de l’héberger. Mais il découvre bien vite que l’on n’est guère plus tranquille au sein de la nature qu’au cœur de la capitale : milices, soldats et détrousseurs de grand chemin y font la loi, terrorisant tout sur leur passage… Ce qui n’est pas pour déplaire à notre batailleur au grand cœur qui aidera même ses hôtes en soutane à se défendre en leur apprenant le maniement des armes (fauchées à ses victimes !)… Avec cette biographie romancée et dessinée, Frantz Duchazeau sort de l’ombre ce peintre méconnu et néanmoins précurseur de la peinture en milieu naturel, qui fut l’un des inspirateurs des peintres de l’école de Barbizon. En comblant avec une belle imagination les nombreuses zones d’ombre de son existence, il nous offre un scénario imaginatif et brillant qui nous procure une belle dose d’aventures où sous le vent de l’histoire, servi par un dessin tout en nuances : décors empreints d’un classieux classicisme, paysages aux touches impressionnistes et personnages aux traits minimalistes, diablement expressifs… Après « Le rêve de Meteor Slim » (chronique ici !) et « Mozart à Paris, « Le peintre hors-la loi » ne fait que confirmer le talent et l’énergie créatrice de cet auteur à suivre assurément !
Le peintre hors-la-loi par Frantz Duchazeau, Casterman, 2021 / 20€
30 Octobre 1938. Sur les ondes de CBS, Orson Welles met en scène, sous la forme d’un faux bulletin d’information, son adaptation du roman de H.G Wells, « La guerre des mondes ». Une interprétation fort convaincante si l’on en croit le vent de panique soulevé par sa prestation dans la population américaine, du moins par ceux qui ont écouté l’émission après le générique et qui ont pris pour argent comptant cette invasion extra-terrestre. Une panique telle qu’un homme en est venu à tuer sa femme, à tirer sur son fils et à se suicider avant que les « martiens » ne viennent les attaquer… Le lendemain, toute la presse titre sur cette « fausse guerre » et CBS, risquant d’être poursuivie pour sa responsabilité dans cette affaire, envoie enquêter sur place Douglas Burroughs, un de ses anciens journalistes. Au cours de son investigation, aux côtés d’une jeune et ambitieuse journaliste de la presse locale, Burroughs pressent très rapidement que l’émission de Welles n’est pas en cause dans ce dramatique fait divers… Dénouer le vrai du faux, mettre en lumière ce qui est réel plutôt que ce qui semble évident : sur un scénario captivant en forme d’enquête et sur un superbe dessin inspiré de l’atmosphère des années 30, Jean-Denis Pendanx et Laurent Galandon nous offrent matière à réflexion sur le pouvoir des médias et sur la prudence que nous devons tous exercer à leur encontre, sur la base de cette bien involontaire première « fake News » de l’Histoire. Cette BD, qui révèle la face xénophobe d’une certaine Amérique, nous tient en haleine par sa grande qualité scénaristique et graphique : une très belle réussite !!!
fake story par Jean-Denis Pendanx et Laurent Galandon, Futuropolis, 2021 / 17€
En cette fin d’été, Andrea, Martino et Cati profitent d’une belle journée à la plage, lorsque la nouvelle d’un décret scélérat voté par Mussolini et ses sbires tombe comme un couperet : à compter du 15 Octobre 1938, tous les enseignants de race juive seront suspendus de leurs fonctions et aucun élève juif ne pourra intégrer les cours ou passer d’examens. Pour ces trois jeunes étudiants italiens d’origine juive, cette loi signe la fin de leur avenir et annonce des temps bien sombres… Afin de les mettre en sécurité, Andrea et sa sœur sont envoyés par leurs parents chez une tante à New-York où Andrea mène en apparence une vie paisible : il trouve un emploi et tombe même amoureux d’une jeune femme qui, de son côté, a fui son Autriche natale à l’arrivée d’Hitler au pouvoir… Mais une profonde mélancolie terrasse Andrea en même temps que gronde sa colère : les siens restés au pays lui manquent et il craint chaque jour pour leur vie… Ne pouvant plus rester impuissant face à pareille situation, Il décide de s’engager dans l’US Army afin de combattre le fascisme en Europe… Avec cette superbe adaptation dessinée du roman de Silvia Cuttin qui relate la douloureuse histoire vécue par sa famille, Andrea Serio nous offre un récit sensible et poignant sur le tragique destin d’un jeune homme brisé, comme tant d’autres, par le fascisme et l’antisémitisme. Sombre et dramatique, cette histoire est néanmoins illuminée de tableaux d’une sidérante beauté qui sont autant d’œuvres d’art : dans le tumulte des émotions de cette âme en peine, on plonge dans le bleu de sa Méditerranée tant désirée, tandis que la nostalgie de son insouciance volée par la bêtise et la violence d’une funeste époque surgit en aplats doux et colorés… Terrible comme ce gâchis annoncé, et lumineuse comme la rhapsodie de Gershwin qui lui donne son titre, cette BD est tout simplement sublime.
Rhapsodie en bleu par Andrea Serio (d’après le roman de Silvia Cuttin), Futuropolis, 2020 / 21€
Leon Bismarck Beiderbecke, plus connu sous le surnom de Bix, a marqué l’histoire du jazz d’avant-guerre. On doit de nombreux standards à ce compositeur et musicien de génie qui a appris le piano et la trompette en autodidacte avant de rejoindre l’orchestre de jazz symphonique de Paul Whiteman et de jouer avec les plus grands, notamment avec Louis Armstrong. Ce choix de vie désapprouvé par ses parents, même lorsqu’il rencontra le succès, ouvrit une blessure jamais vraiment cicatrisée dans le coeur de cet écorché vif… S’il tenta de noyer ce mal de vivre dans un alcoolisme chronique, c’est d’une pneumonie qu’il finit par succomber à l’âge de 28 ans, entrant du même coup dans la légende des artistes maudits… Avec ce roman graphique, Scott Chantler nous offre sa propre vision du tragique destin de ce talentueux musicien après avoir recoupé les faits dans les différentes biographies, bien souvent contradictoires, qui lui ont été consacrées. Et le résultat est éclatant de vérité… C’est bien le Bix que l’on imagine dans cette vision « muette » où chacun déroulera ses propres dialogues et ressentis au rythme de cases « musicales » qui semblent épouser sa musique. Les images très sages du début (cinq vignettes par page) s’animent et se multiplient au fil de ses succès pour ralentir dans ses moments de désespoir, dans un découpage inventif mis en valeur par un format à l’italienne particulièrement bien adapté. Un récit élégant et habité qui nous donne une irrépressible envie de (re)découvrir cette légende du jazz !
Bix par Scott Chantler, La Pastèque, 2020 / 28€
Après la mort accidentelle de son père, Jean aide sa mère à vider la maison familiale que celle-ci a décidé de mettre en vente. Un peu secoué, il assiste au tri quelque peu brutal de sa mère qui jette, semble t-il sans le moindre état d’âme, ses souvenirs d’enfance et tout ce qui lui reste de son père. En sauvant in extremis les livres de sa bibliothèque, il découvre ému qu’il partageait avec lui les mêmes goûts littéraires : Vian, Desproges, Camus, Kerouac, Kakfa… De retour à Prague où il vivait alors avec sa femme et sa fille, il décide alors de s’inscrire à un atelier d’écriture automatique : sa vocation d’auteur de bandes dessinées est née… Après « Un faux boulot » et « Rentre dans le moule » (chroniqué ici !), Le Cil Vert continue sa série autobiographique avec « Une vie toute tracée » où il nous dévoile avec une bonne dose d’autodérision et une profonde honnêteté sa quête initiatique de jeune homme expatrié qui finira par trouver sa voix à travers la bande dessinée. Une tranche de vie sensible et non dénuée d’humour, réalisée dans un dessin épuré qui nous plonge directement dans la psychologie de son double de papier… On attend maintenant avec impatience la suite de cette vie, loin d’être toute tracée !
Une vie toute tracée par Le Cil Vert, Delcourt, 2021 / 15,50€
1984. Le monde est divisé en trois grands blocs, dirigés par des régimes totalitaires perpétuellement en conflit les uns avec les autres. Seuls quelques territoires sont encore indépendants et suscitent la convoitise des trois géants mondiaux… C’est au « ministère de la vérité », installé dans une pyramide géante qui surplombe la ville de Londres désormais en ruines, que travaille Winston Smith. Affecté aux archives, son job consiste à réviser l’Histoire en éliminant tout ce qui pourrait gêner le pouvoir en place… De plus en plus torturé par son rôle au service de la dictature et par le climat délétère qui règne partout en maître, Smith note chaque jour ses états d’âme dans son journal, en un acte de résistance qui pourrait lui coûter la vie si la « Police de la pensée » venait à en prendre connaissance… Une hypothèse plus que probable vu que la délation est érigée en institution et que tout le monde, y compris les enfants, s’y adonnent à coeur joie… Comment échapper à cette emprise omniprésente ? Par écrans interposés, « Big Brother » épie les faits et gestes de chaque citoyen, jusque dans leurs appartements… S’évader dans l’amour pour supporter ce morne quotidien ? Cela suppose déjà de faire confiance à l’être aimé… Et de toute façon, tout sentiment est prohibé, le sexe est interdit et les enfants sont uniquement conçus par insémination artificielle… Trouver refuge dans la culture ? Celle-ci est « adaptée » par le gouvernement et ceux qui s’y opposent sont « rééduqués » intellectuellement… Même la littérature n’a pas échappé à ce travail de sape et tous les classiques ont été réécrits dans la « Novlangue » devenue langue officielle… On ne compte plus les jugements sommaires et les pendaisons de prisonniers sont des « spectacles » qui, comme la loterie, sont devenus l’opium d’un peuple privé de tout libre-arbitre et de toute forme de liberté individuelle… Si vous n’avez pas encore lu le roman visionnaire de George Orwell (ou si votre lecture date un peu !), séance de rattrapage avec cette adaptation très fidèle qui va permettre, notamment aux jeunes générations, de découvrir ce chef d’œuvre de manière fort ludique ! Tout y est réalisé pour retracer à la perfection l’atmosphère angoissante qui se dégage (à juste titre…) du récit d’Orwell. Le dessin en noir et blanc qui se pare (à de rares moments…) de touches de couleurs pour symboliser le rêve et la liberté, nous offre des personnages et des décors finement travaillés, dans un astucieux découpage qui fait monter crescendo un sentiment de malaise… Quant au scénario, il nous offre une vision très moderne de ce roman cultissime, tout en respectant son essence même. Cette BD qui nous procure le plaisir de (re)découvrir une oeuvre phare tout en suscitant une profonde réflexion sur les dérives de notre époque, est à mettre entre toutes les mains !
1984 (d’après l’œuvre de George Orwell) par Jean-Christophe Derrien et Rémi Torregrossa, Soleil, 2021 / 17,95€
Ismaël décide de s’engager sur le Pequod, un baleinier commandé par le capitaine Achab, un homme obsédé par le cachalot qui lui a arraché la jambe. Dans sa folie, celui-ci mettra son équipage en danger afin d’assouvir sa vengeance… Voici en quelques mots le résumé du roman initiatique de Melville, de multiples fois adapté en bandes dessinées dans des styles très différents. Bill Sienkiewicz vient à son tour nous dévoiler sa vision de ce roman cultissime, dans un style onirique où il multiplie avec virtuosité différentes techniques qui mettent remarquablement en lumière le déchainement des éléments et qui nous offrent le portrait particulièrement réussi d’un Achab fantomatique et aveuglé par sa haine… Pas de cases ni de bulles ici, mais de somptueux tableaux en mosaïques de dessins, de peintures et de collages qui nous immergent dans un monde fantasmagorique et cauchemardesque, en couleurs lumineuses qui éclaboussent l’obscurité des âmes et une nature pour le moins sauvage. Une adaptation aussi saisissante qu’originale. Un must !!!
Moby Dick par Bill Sienkiewicz (d’après Herman Melville), Delcourt, 2021 / 14,95€
Avec cet ouvrage totalement atypique d’Emmanuel Guibert, la rencontre fortuite entre un balayeur et un Smartphone donne lieu à de succulents dialogues qui flirtent allègrement avec la philosophie. Un Smartphone doué de parole qui en a gros sur l’écran d’être sollicité à longueur de temps et qui en a ras la batterie d’être devenu indispensable… A tel point qu’il a fui sa trop pressante propriétaire qui le harcelait à longueur de journée ! Quant au balayeur, c’est un peu l’inverse : il est devenu invisible aux yeux des passants pressés et indifférents… Au fil des pages, notre balayeur un peu largué par la technologie et cet objet High Tech fugueur et dépressif vont délivrer leur vision de l’existence en pensées pertinentes qui ne manquent pas de sel et encore moins d’intelligence. Quant au graphisme, sur fond blanc et sans le moindre décor, il résume le Smartphone à un simple trait et notre balayeur, emmitouflé dans sa tenue, ne laisse apparaître qu’un nez proéminent posé sur un visage sans yeux ni bouche, dans un style épuré et néanmoins très expressif ! Les 45 saynètes qui composent ce volume sont toutes entrecoupées d’un « interlude » où le dessin est posé sur un fond photographique représentant une rue (propre !) arpentée par ce balayeur philosophe. Un « antidote au tout numérique » qui nous offre, non sans humour, bon nombre de pistes de réflexions sur notre époque hyperconnectée où l’on ne communique guère plus que par écran interposé et sur l’utilisation de cet objet qui a envahi notre quotidien pour le meilleur et surtout pour le pire… Original, drôle et malin !
Le Smartphone et le balayeur par Emmanuel Guibert, Les Arènes, 2021 / 20€
Cyril Hanouna au second tour des présidentielles face à Marine le Pen… Comment a t-on pu en arriver là ??? Tout a commencé quand Julien, un jeune énarque, accepte le poste de conseiller en communication que lui propose Bolloré pour revaloriser l’image d’Hanouna. Une promotion inattendue (il espérait l’Élysée ou Bercy…) et quelque peu empoisonnée qui lui coûtera sa vie de couple, sa compagne le quittant illico presto pour un de ses amis qui, LUI, a obtenu un poste prestigieux auprès de Macron… Le raffiné et BCBG Julien se retrouve alors propulsé sur une autre planète… Démago, vulgaire, populiste, survolté et envahissant (et contre toute attente, attachant !) , Hanouna inonde Julien de SMS farfelus et prend des décisions plus ou moins judicieuses sans tenir compte de son avis… En un mot, il se révèle incontrôlable !!! Jusqu’au jour où il invite Macron sur le plateau de son émission et qu’il l’humilie devant 40 millions de téléspectateurs… Porté par sa popularité grandissante, Hanouna décide alors de se lancer dans la course à la présidence… Politique fiction ? Euh, gaffe quand même… N’oublions pas que Trump, après avoir été animateur vedette de télé réalité s’est retrouvé à la tête de la première puissance mondiale !!! Alors Hanouna aux plus hautes fonctions de l’état français n’est hélas pas si improbable… Réalisée par Philippe Moreau Chevrolet qui, en tant que communicant politique sait de quoi il parle, cette BD grinçante et parfaitement construite est servie par le dessin de Morgan Navarro qui use de la caricature sans en abuser, pour un résultat des plus agréable. Critique de la télé poubelle et de la déliquescence du politique dans l’esprit de citoyens qui oscillent entre désabusion et révolte, cette farce, qui n’en n’est pas vraiment une, nous fait autant rire qu’elle nous fait grincer des dents !!!
Le président par Philippe Moreau Chevrolet et Morgan Navarro, Les Arènes, 2020 / 22€
Jacques Berdemol n’en n’a rien à battre de ces propositions de reprise de « Maharadchat », son usine de pâtée pour chat qui bat de l’aile ! D’une, il déteste ces bestioles, et c’est sans état d’âme qu’il en bute une ou deux dès que l’occasion se présente… Et de deux, il ne rêve que de liquider sa boîte fissa pour devenir vigneron dans une petite île de l’Adriatique où il vient d’acquérir quelques parcelles de vigne ! Mais voilà que ce fichu maire, désireux de sauver les emplois, ne trouve rien de mieux que de lui envoyer une délégation de coréens susceptibles d’être intéressés par son affaire ! Et cerise sur la pâtée, Jessica, la pulpeuse nouvelle secrétaire qui se met elle aussi en tête de tout mettre en oeuvre pour sauver « Maharadchat », perturbe au plus haut point Berdemol qui lui ferait bien son affaire… Dans ce climat un peu tendu, débarque Désiré Bignous, un pauvre bougre dépressif et chômeur de longue durée, qui vient d’être embauché pour un job de « Nez »… Un terme bien poétique pour un boulot ingrat qui consiste à renifler les déjections félines afin d’en évaluer l’odeur ! L’usine sera t-elle sauvée malgré Berdemol ? Et quelles sont les véritables motivations de cette bombe de Jessica ? Suspense… Les tourments de ce patron ventripotent, poivrot, obsédé sexuel et serial killer de chats, sont irrésistibles de drôlerie ! Impertinente, féroce et politiquement incorrecte, cette BD qui balance entre parodie sociale et farce burlesque va vous faire hurler de rire ! J’adore !!!!
Maharadchat, c’est tellement d’amour ! par Wilfrid Lupano et Relom, Delcourt, 2021 / 15,50€
Après son « Petit traité de vélosophie » où il louait les joies et les peines procurées par la petite reine, Tronchet nous expose à présent son amour immodéré pour le foot, en 54 courtes histoires qui sentent le vécu ! Car si Tronchet est un fidèle (et chauvin) supporter de l’équipe de France dont il ne rate aucun match, il est aussi et surtout un adepte acharné du ballon rond qui se pratique entre potes sur des terrains parfois improbables… Pour rien au monde, il ne renoncerait à son match dominical, ce foot des origines où un simple ballon et des énergumènes en short, de toutes tailles, de tous poids et de tous âges (et qui pratiquent en professionnels la même mauvaise foi !), s’éclatent à taper dans la balle avec un état d’esprit aux antipodes de celui du foot du fric et des stars payées un pont d’or ! Une parenthèse au temps où seul compte le plaisir de se retrouver, de jouer, de gagner et de se surpasser, sans se soucier de la couleur de peau ou de l’origine sociale de ses équipiers… Cette ode sensible et drôle, servie par le dessin si caractéristique et si attachant de Tronchet, fera le bonheur de tous les footeux du dimanche qui se reconnaîtront sans le moindre doute dans la passion dévorante qui anime tout extrémiste du ballon rond !
Footballeur du dimanche par Tronchet, Delcourt, 2021 / 12,50€
Une BD Pour toute la famille !!!
Les malins matous de Yoon-Sun Park lui offrent décidément une inépuisable source d’inspiration… Après « Le club des chats » et « Le club des chats casse la baraque (chroniqué ici !), elle remet à nouveau Plume, Nounours et Choupi en scène dans de folles et inédites aventures qui les emmènent de l’Égypte ancienne à la Préhistoire, avec un détour par La Renaissance où ils rencontrent Léonard de Vinci et son hermine futée ! Il faut dire que ces trois chatons espiègles et voyageurs ne manquent pas de ressources et encore moins d’imagination ! Rien ne leur est impossible, qu’il s’agisse de traverser les époques, de s’éclater à la fête foraine ou de traverser les océans en sous-marin pour rejoindre leur amie Salopette au Québec ! C’est avec un indicible plaisir que nous retrouvons donc nos félins survitaminés et toute la galerie de personnages qui gravitent autour d’eux : Marie, leur attentionnée maîtresse quelque peu débordée par leurs frasques, Tangui le facteur, Jacquotte, Charlotte, Bongo le chien millionnaire… Et que nous faisons connaissance avec des dauphins sympas et de féroces dinosaures ! Croqués dans un dessin coloré et tout en rondeur, dans un délicieux style enfantin qui est la marque de fabrique de cette talentueuse auteure, nos chats facétieux s’immiscent même dans l’histoire de l’art en se glissant dans de « vraies fausses » toiles de maîtres entre chacune de leurs aventures ! Toujours aussi loufoque et déjanté, ce troisième opus offre aux petits et grands enfants un jubilatoire moment de lecture !
Où est le club des chats ? par Yoon-Sun Park, Misma, 2021 / 18€
Christine Le Garrec