Papiers à bulles ! N°46

Et voici, avec beaucoup de retard, ma sélection de BD… Et je vous assure que chacun y trouvera son bonheur, vu la grande diversité proposée ! Certains se mettront en quête du bout du monde, comme le héros de Pao-Yen Ding, ou de l’amour absolu au cours d’un tendre road-movie avec Suzette et sa petite filleD’autres flâneront, sous le charme de Jérôme d’Alphagraph, au fil d’une rêverie littéraire et philosophique… A moins qu’ils ne préfèrent aller à la rencontre des bédouins du Sinaï, guidés par Lelio Bonaccorso et Fabio Brucini, ou à celle d’un chorégraphe Sri Lankais, somptueusement mis en mouvement par Adrien Houillère… Ou encore faire un tour du monde ludique et instructif sur l’art du tatouage, en compagnie du tatoué voyageur Cookie Kalkair ! Les littéraires savoureront quant à eux l’excellente adaptation de « Claude Gueux » de Victor Hugo, réalisée par Séverine Lambour et Benoît Springer… Si vous êtes du côté des rieurs, je vous promets de savoureuses tranches de rigolade avec « Le coup de boule est parti tout seul » de Rémi Lucas et Otto T., mais aussi avec « Banquiz », une succulente farce politico-écologique, et « La mort est dans le pré », une enquête policière déjantée à la sauce armoricaine ! Et si vous taquinez la muse et aspirez à devenir un auteur à succès, il vous suffit de suivre les conseils de M. La Mine, expert en la matière ! Belles et bonnes lectures à toutes et à tous !

A la fin du précédent opus (chroniqué ici !), nous avions laissé notre jeune voyageur dans une ville étrange en compagnie d’un savant prétendant connaître rien moins que le secret du monde… Et bien, revoilà la suite de ses aventures, aussi insolites qu’addictives, où l’on suit avec toujours autant d’avidité la quête de notre héros vers son but suprême : atteindre enfin le bout du monde ! Et cette fois, il pense toucher du doigt son rêve… ça y est, il y est enfin arrivé ! Mais quelle déception… Le bout du monde tant fantasmé n’est qu’un vulgaire temple de l’hyperconsommation, un gigantesque centre commercial souterrain qui expose ses mille clinquantes et inutiles convoitises jusqu’au fin fond des entrailles de la Terre ! Un peu sonné, notre dépité routard décide de suivre un curieux petit homme qui le conduit dans un lieu où sont exposées les découvertes des voyageurs partis tout comme lui à la recherche du bout du monde. Mais à peine a t-il posé son regard sur un mystérieux tableau, que le voilà propulsé au coeur de ses souvenirs, dans la salle de classe de son enfance. Un lieu bien loin d’être rassurant où il se fait voler une partie de sa mémoire par un être étrange et maléfique… Pour la retrouver, il n’aura d’autre solution que de remporter une chasse virtuelle dans les méandres d’un jeu vidéo plus vrai que nature… La suite de ce voyage onirique au coeur de la mémoire et de l’oubli nous embarque dans un monde, bien peu enviable par son manque d’humanité, et nous invite habilement à une profonde réflexion sur le choix de nos sociétés. La fin semble dessiner l’espoir d’un nouveau départ qui laisse peut-être espérer un troisième tome… A moins que le bout du monde ne soit qu’un rêve inaccessible ? Ce deuxième opus ne fait que confirmer l’imagination fertile (et la clairvoyance ?) de Pao-Yen Ding, et son immense talent pour nous envoyer dans d’autres univers par la magie de son si caractéristique trait crayonné ! Un auteur qui tient décidément toutes ses promesses !

Road to nowhere 2 par Pao-Yen Ding, Misma, 2021 / 17€

Passionné de littérature, le jeune Jérôme est apprenti chez un vieux libraire ronchon et radin qui l’exploite honteusement : notre féru de belles lettres, bien mal employé (et surtout gratuitement !), passe ses journées à ranger des livres dans le sous-sol de la librairie… Une bien morne besogne, fort éloignée de ses aspirations ! Doux rêveur, Jérôme se ressource au coeur de la nature où il laisse vagabonder ses pensées au rythme de sa roulotte tirée par Bourrique, sa mule douée de bon sens, avec qui il discute à bâtons rompus sur le sens de la vie… Avec pour cadre un pays imaginaire inspiré de l’orient des mille et une nuits, ce délicieux album empreint de sagesse, improvisé par Nylso au fil de sa plume alerte et libre, nous offre le parcours initiatique d’un jeune homme tiraillé entre ses idéaux d’une vie rêvée et les dures contingences de la réalité : sous son dessin subtil, minutieux et terriblement attachant, où il sublime l’apaisante beauté de la nature de son trait si caractéristique, Nylso nous propose avec « Jérôme d’Alphagraph », un conte onirique et philosophique d’une grande subtilité et d’une rare fraîcheur. L’époustouflant travail de Nylso, qui dévoile une sensibilité à fleur de peau, m’avait déjà fortement impressionnée à la lecture de ses précédents ouvrages (« Kimi le vieux chien » (chroniqué ici !) et « My road movie » (chroniqué !)… Un sentiment que ce dernier opus (réédition des deux premiers tomes d’une série qui en compte sept) ne fait que confirmer !

Jérôme d’Alphagraph par Nylso, FLBLB, 2021 / 20€

A la mort de son grand-père, Noémie s’inquiète pour Suzette, sa grand-mère adorée, dont elle est très proche : celle-ci ne semble bizarrement pas triste depuis son veuvage, seulement résignée… Noémie, qui lui rend fréquemment visite, apprend au fil de leurs longues et complices conversations, que le couple que formaient ses grands-parents n’était pas aussi idyllique qu’elle se l’imaginait : son papy était plutôt du genre coureur de jupons, et sa Mamie, malgré soixante ans de vie commune avec son mari volage, n’a jamais oublié Francesco, son premier amour de jeunesse, rencontré avant son mariage alors qu’elle était jeune fille au pair au service d’une riche famille italienne… Le seul homme qu’elle ait vraiment aimé, sans jamais oser lui avouer… Cette révélation bouleverse Noémie qui est elle-même en pleine crise conjugale avec Hugo, un étudiant immature qui ne pense qu’à faire la bringue avec ses potes… Après de brèves recherches, elle retrouve la trace du bel italien et arrive à convaincre Suzette de l’accompagner en Italie pour d’émouvantes retrouvailles. Au cours de ce voyage, la vieille dame et la toute jeune femme vont dévoiler sans tabous leurs aspirations et leurs espoirs sur l’amour… Fabien Toulmé nous offre un roman graphique empreint d’une belle humanité avec ce road-movie sensible et tendre où il dévoile les destins croisés de deux femmes attachantes, dont la différence d’âge, au lieu de les éloigner, les enrichit mutuellement, par la sagesse de l’une et l’audace de l’autre. Une ode à l’amour servie par un dessin épuré et faussement naïf, mis en lumière dans une palette de tons ensoleillés, qui épouse à merveille la nostalgie mais aussi l’humour délicat de cette histoire généreuse qui dévoile la belle sensibilité de son auteur !

Suzette ou le grand amour par Fabien Toulmé, Delcourt, 2021 / 29,95€

Née de la rencontre entre le dessinateur Lelio Bonaccorso et l’instructeur de plongée Fabio Brucini, installé dans le Sinaï et impliqué dans les programmes sociaux en direction des communautés bédouines, cette BD de reportage nous immerge au coeur de la culture des bédouins, empreinte de sagesse et de tolérance, riche de temps, de bonheurs simples et de partage. Au fil de ses rencontres, Lelio a recueilli la parole des gardiens de ce désert sacré, et s’est imprégné de la réalité de ce peuple nomade dénué de toute richesse matérielle, pour nous faire partager avec un enthousiasme communicatif leur philosophie de la vie. Illustré à la manière d’un carnet de voyage, en sublimes aquarelles couleur sable et ocre, Lelio nous dévoile autant la beauté et la magnificence de cette « Terre qui illumine la lune » que la dignité et l’humanité de ces hommes et de ces femmes qui réussissent, avec parcimonie, à tirer le meilleur de la modernité tout en conservant leurs traditions. Des hommes et des femmes qui auraient tant à apprendre aux pauvres occidentaux que nous sommes, consuméristes tristes qui ne savourent plus depuis longtemps l’instant présent… Un passionnant roman graphique qui dévoile la belle humanité des bédouins et de celui qui a su si bien transmettre leur vision de la vie… A méditer !

Sinaï  par Lelio Bonaccorso et Fabio Brucini, Futuropolis, 2021 / 24€

Un dessinateur, un chorégraphe, la rencontre de deux cultures. Celle de Sarath Amarasingam, parti du Sri Lanka pour la France à l’âge de douze ans, qui exprime ses émotions par le corps, et celle d’Adrien Houillère, qui traduit sa sensibilité sur papier, d’un trait toujours en mouvement, comme un pas de danse… La danse, le dessin, le Sri Lanka et la France, et deux parcours qui se rejoignent au fil des pages de ce récit où Adrien réussit à transmettre l’essence même du travail de son ami, en se penchant sur son propre parcours personnel. Une aventure humaine et artistique qui dévoile la genèse de la création du dernier spectacle de Sarath, en mots forts et en images qui expriment de manière troublante l’énergie et le mouvement du corps… Ce récit initiatique et philosophique nous offre deux regards croisés sur la création, un témoignage sur une quête identitaire douloureuse, et un concept d’une rare intelligence émotionnelle : un album ensorcelant et séduisant d’une incroyable originalité !

Retrouver Ganesh par Adrien Houillère, Delcourt, 2021 / 18,95€

Cookie Kalkair et son épouse aiment autant lever l’ancre pour sillonner la planète, que s’encrer la peau… A chaque pays visité, leur corps s’orne d’un nouveau tatouage ! Et quelle belle idée de nous faire partager cette passion à travers ce documentaire dessiné, illustré à la manière d’un carnet de voyage, dans des tons rose et vert flashy qui ne manquent pas de peps ! Au fil de ses pages, Cookie nous propose un beau voyage dans l’art corporel tout autour du monde, en nous exposant les techniques et la signification culturelle des tatouages pour chaque pays exploré (Japon, Tahiti, Canada, USA, Europe…), en donnant la parole à des virtuoses du tatouage, et en posant son regard qui ne manque ni de sel ni d’humour sur cette technique ancestrale qui suscite plus que jamais l’enthousiasme de nos contemporains ! Cet ouvrage d’une belle originalité va combler la communauté des fans de Tatoo, mais aussi exciter la curiosité des néophytes… Et qui sait, peut-être les convertir à l’art du tatouage !

Lever l’encre : carnet de voyages et de tatouages par Cookie Kalkair, Delcourt, 2021 / 14,95€

Claude Gueux, colosse au grand coeur, est un honnête homme, intelligent et courageux. Mais en cette période de froid et de famine, son tout petit salaire ne lui permet plus de nourrir sa famille… Il fait donc ce qui lui paraît juste : voler un bout de pain et un peu de bois pour ne plus voir les siens mourir de faim et de froid… Pour ce bien maigre larcin, il est arrêté et condamné à cinq années de prison… Pour sa profonde humanité, Claude est de suite respecté par ses compagnons de misère et il noue bien vite une amitié sincère avec Albin, un détenu chétif qui partage avec lui sa maigre ration concédée par l’administration pénitentiaire. Car ici aussi, on meurt de faim… Mais cette amitié va susciter la colère du sadique et tout puissant directeur de la prison qui transfère Albin, malgré les supplications de Claude : par son attitude injuste et intransigeante, cet homme au coeur de pierre va amener Claude à commettre l’irréparable… Brûlant plaidoyer contre la peine de mort et contre les inégalités sociales qui font d’un honnête citoyen un meurtrier en puissance, « Claude Gueux », texte puissant et humaniste de Victor Hugo (inspiré par des faits réels), fut publié en 1834, près de trente ans avant « Les misérables ». Avec une force narrative rare, et sous de superbes illustrations réalistes qui nous immergent en profondeur dans la violence de l’univers carcéral du début du 19ème siècle, cette adaptation sobre et bigrement efficace met en lumière de la plus belle manière qui soit la force du texte de Victor Hugo… Et nous donne une irrépressible envie de le (re)découvrir ! Bouleversante d’humanité et d’intelligence, cette BD est décidément à mettre entre toutes les mains, y compris celles des plus jeunes !

Claude Gueux (d’après l’œuvre de Victor Hugo) par Séverine Lambour et Benoît Springer, Delcourt, 2021 / 15,95€

Le prof de français d’un collège d’une petite ville du Nord n’est pas loin de péter un boulon lorsqu’il découvre sa voiture taguée d’un insultant « Tu pue la merde », dont la dramatique faute d’orthographe est sans nul doute la signature d’un de ses élèves… Dans le même temps, les flics du coin organisent de faux attentats dans les écoles et les supermarchés, afin de sensibiliser la population aux menaces terroristes et de faire prendre conscience à ces braves gens qu’il est urgent d’apprendre à se défendre en cas de danger… Un but louable sous des méthodes discutables ? Pas vraiment… Mais de la propagande à peine masquée pour le club de savate qui, bien opportunément, est dirigé par le cousin du chef de brigade ! Rémi, prof en arts plastiques dans le même collège que son collègue « tagué » va en faire les frais… Bénévole d’une association d’aide aux migrants, il est en route vers leur camp de fortune quand les képis zélés l’arrêtent sur le motif qu’il est interdit de rouler sur le chemin menant au camp… La punition ? Une amende… Ou s’inscrire sans délai au cours de savate, bien sûr ! Les motifs pour donner des coups de boule ne manquent décidément pas dans cette charmante bourgade… Comme un peu partout en France ! Rémi Lucas (dont j’avais adoré « Du cinéma pour le dessert« , chroniqué ici !) dessine avec cette loufoque farce politique et sociale le portrait d’une société qui part totalement en vrille, en évoquant le terrible sort des migrants, les difficultés croissantes des profs à exercer leur métier, le comportement aberrant des flics qui se prennent pour des cow-boys, ou les politiques ineptes aux dents qui rayent le parquet. Servie par les illustrations d’Otto T qui en révèlent toute la saveur, cette réjouissante autofiction (hé oui !) égratigne allègrement notre monde de dingues, et n’épargne décidément personne ! Réjouissant !

Le coup de boule est parti tout seul par Rémi Lucas et Otto T., FLBLB, 2021 / 21€

Et voici deux tout nouveaux « Pataquès »… Comme toujours irrésistibles de drôlerie !

Ce n’est pas un scoop : la Terre se réchauffe avec tout ce que cela suppose de catastrophes à venir. Si certains humains en ont conscience et cherchent des solutions pour enrayer le processus, les puissants de ce monde, quant à eux, s’en fichent comme de leur première Rolex… Ainsi, sans la moindre conviction, et sous la pression de ceux qui dénoncent son manque d’intérêt concernant l’urgence climatique, le président des USA (portrait craché de Trump, of course !) décide d’envoyer une célèbre climatologue en mission en Antarctique, avec un budget aussi mince que la banquise dans moins de quarante ans… Et pour rentabiliser ce pseudo évènement, des accords de diffusion ont été signés avec une chaîne de télévision ! Résultat, notre scientifique se retrouve avec une équipe des plus improbables : un militaire gâteux, un collégien boutonneux en stage de troisième, et deux candidats de télé réalité ! Et sur la banquise, alors, comment les pingouins vivent-ils ce réchauffement climatique ? Plutôt très bien ! Ils se font dorer la pilule en sirotant des cocktails et sont devenus des consuméristes acharnés qui préparent activement des séjours touristiques dans leur tout nouvel éden ensoleillé ! Du coup, ils sont devenus quelque peu incontrôlables et réclament à grands cris des élections, ce qui défrise sévère leur dictateur qui n’entend pas se faire déboulonner de son piédestal sans réagir… Avalanche de gags grinçants au fil des pages de cette BD déjantée à souhait qui réussit à nous faire marrer sur un sujet d’actualité pourtant particulièrement anxiogène ! Tout est décidément réalisé aux petits oignons par Jorge Bernstein pour nous dérider les zygomatiques avec ce scénario audacieux et politiquement incorrect qui dénonce l’avidité doublée de bêtise crasse de nos dirigeants politiques et celle, passive et aussi dangereuse, de leurs concitoyens abrutis par la « télé poubelle ». Servie par les illustrations expressives et pétantes de couleurs de Witko, qui lui collent comme un gant, cette histoire n’est pas aussi loufoque qu’elle en a l’air ! Jouissif !!!

Banquiz par Jorge Bernstein et Witko, Delcourt, 2021 / 9,95€

Pilchard, lieutenant pas très futé de la PJ de Paris, savoure des vacances bien méritées dans un petit coin perdu de Bretagne, lorsqu’il est interrompu en plein petit déjeuner par Tugdual, un paysan du coin qui vient de découvrir un macchabée dans son champ… Flic un jour, flic toujours, et tant pis pour les vacances ! Pilchard se précipite à la suite de Tugdual et découvre le corps sans vie d’un joggeur, qui ne comporte pas plus de traces de coups que de blessure… Mais qui est chaussé de bottes en caoutchouc ! Bizarre, vous avez dit bizarre… Quel coureur de fond aurait l’idée de pratiquer ce sport en bottes de pluie ? Et de quoi a t-il succombé ? L’enquête s’avère complexe ! Pas question donc pour Pilchard de la laisser aux balourds de gendarmes locaux, qu’il charge néanmoins de l’autopsie qui révèlera que l’homme est décédé d’une intoxication aux algues vertes, alors que le petit village n’est pas situé en bord de mer… Pilchard, qui tient le malheureux Tugdual pour coupable depuis la découverte du corps, appelle à la rescousse sa cheffe, la commissaire Linguine, pour tenter de résoudre cette mystérieuse affaire… Deux flics incompétents, un cadavre mystérieux, et la Bretagne profonde en toile de fond ! Voici ce que nous propose ce polar particulièrement déjanté où James ne fait pas dans la dentelle pour énumérer tous les lieux communs sur la Bretagne, de son légendaire crachin à sa gastronomie, en passant par le farouche chauvinisme de ses autochtones… Le tout avec un humour désopilant partagé avec David de Thuin qui illustre à merveille le propos de son facétieux compère avec son dessin caricatural d’une efficacité redoutable ! Un polar régional pas sérieux, mais teinté d’une conscience écologique, qui se dévore comme un kouign Amann bien beurré accompagné d’une bonne bolée de cidre !!!

La mort est dans le pré par James et David De Thuin, Delcourt, 2021 / 9,95€

Vous pensez avoir un joli brin de plume et vous rêvez de devenir un auteur à succès ? Étape après étape (se lancer, s’accrocher, persévérer, ne pas se décourager), M. La Mine, vous délivre les clés pour réussir à vous faire un nom dans le domaine si touffu de la littérature, où si les candidats sont légion, il y a bien peu d’élus ! Grâce à lui, vous éviterez bien des pièges et apprendrez à gérer vos émotions face à un énième refus d’éditeur… Et si vous réussissez enfin à placer un de vos précieux manuscrits, il vous aidera à digérer des ventes décevantes ou des critiques peu flatteuses, ou encore à maîtriser votre jalousie face à des confrères plus chanceux (forcément moins talentueux mais qui ont des relations) ! Pour illustrer ses indispensables conseils et astuces, M. La Mine nous donne en exemple un auteur quelque peu aigri, au look de romantique torturé (façon BHL), qui décide de « monter » à Paris afin de faire éclater son indéniable talent (et consécration suprême, passer dans l’émission de Busnel !), pour fuir son destin tout tracé qui consiste à reprendre la boucherie familiale… Et celui-ci cumule à peu près toutes les tares de l’artiste incompris, avec une arrogance et une mauvaise foi d’anthologie ! Avec un humour aussi mordant qu’absurde, M. La Mine s’en donne à coeur joie avec cette délectable satire sur les affres de la création et sur le monde impitoyable de l’édition, en vignettes ravageuses entrecoupées de fiches pratiques désopilantes où il dispense conseils de marketing et lectures de grands classiques, dévoile des exemples de succès éditoriaux, ou détourne allègrement des œuvres littéraires… Tout en nous offrant une histoire (farfelue à souhait !) de la création littéraire à travers les siècles ! Férocement drôle !!!

Comment devenir un auteur à succès (ou, à défaut, un critique acerbe) par M. La Mine, Delcourt, 2021 / 15,50€

Christine le Garrec