Ce Juke Box multivitaminé va vous mettre une banane d’enfer ! Entre les Fat Bastard, Captain Cumbia, la Dinamitaaa et les Tarace Boulba, préparez vous à guincher dans votre salon, son à fond ! Un petit tour en Louisiane avec les Flyin’Saucers Gumbo Special qui nous ont mijoté une savante recette de zydeco et de rythm’n’blues (et pas que !), et place ensuite à la chanson française avec les excellents et intemporels Innocents et Baptiste Ventadour, un jeune et prometteur talent que je vous invite vivement à découvrir ! Bonne écoute à toutes et à tous !
Le Fat Bastard GangBand nous a mis le feu au cours d’un concert d’anthologie sur la petite scène du café de l’Espace de Flayat, au début du mois de Juin (report ici !), juste avant de sortir son cinquième album… Une pépite épicée façon « Masala » (mélange en Hindi) qui nous embarque dans un voyage savoureux et coloré tout autour de la planète ! Car c’est à un sacré mélange de genres et de saveurs que nous convient une fois de plus ces prodigieux « Bastards » avec ce tourbillon festif et dansant qui, en dix titres, nous emmène des pays de l’Est en Orient, en passant par l’Amérique latine et les Antilles… Tout en faisant un détour sur les rives du Mississipi ! Chaque destination apporte ses couleurs et ses rythmes qui s’entremêlent les uns aux autres avec bonheur, abolissant toute notion de frontière en nous faisant passer sans transition des Balkans aux ambiances déjantées et joyeuses à la Kusturica, aux rythmes langoureux de l’Orient qui donnent envie d’onduler du bassin, à ceux « chaud bouillant » de la Cumbia ou du calypso… Jusqu’aux accents cuivrés du jazz New Orleans ! Et des cuivres, comme dirait Audiard, y en a chez les Fat Bastard ! Mais pas que… Puisque ces sept musiciens se la jouent également virtuoses aux percussions, guitares, claviers ou accordéon, sans oublier les voix qui apportent les musicalités d’une multitude de langues ! Être né quelque part ne signifie pas grand-chose pour ces citoyens du monde qui affirment à juste titre que nous sommes tous issus de mélanges culturels ou géographiques. Ce message de solidarité, de fête et de partage est distillé au fil des pistes de ce superbe album, cosmopolite, polyglotte et métissé, dont la puissante énergie vous transforme illico presto en marsupilami survolté ! Le Fat Bastard GangBand est encore en tournée jusqu’à la fin du mois de Novembre (dates ici !), et si j’ai un conseil à vous donner, c’est de vous précipiter pour aller les applaudir car leur prestation sur scène, c’est une sacrée expérience à ne louper sous aucun prétexte !!! Allez… Tous bâtards… Et fiers de l’être !!!
Masala / Fat Bastard GangBand / Belka / Juin 2019 / 15€
Le Captain Cumbia en version live band « Dinamitaaa » ou en solo… Ay Ay Ay, c’est de la bombe latino !!!
Titi parisien de Ménilmuche, le Captain nous mitonne « comme là-bas », depuis maintenant quelques années, de succulentes variations à la sauce cumbia qu’il agrémente de Hip-hop et de reggae Dub dans une recette magique qui n’appartient qu’à lui… Et une chose est sûre, il sait faire monter la sauce en même temps que la température à chacune de ses prestations, comme on a pu le constater cette année aux Nuits de Nacre où il s’est produit, juste après la Yegros (report ici) ! Multi instrumentiste et DJ de génie, le Captain se suffit donc à lui-même. Mais il sait aussi s’entourer, comme nous le prouve cet album réalisé avec trois autres desperados de talent (Eleonora au chant, El Samuel à la clarinette Klezmer et Monsieur Jonjon (ex Jim Murple !) à la basse et aux machines) qui apportent leur touche « caliente » et exotique au cocktail déjà irrésistible du Captain. Le quatuor, dopé à l’adrénaline, porte fort bien son nom et allume avec jubilation les mèches des bâtons de « Dinamitaaa » pour nous faire vibrer, onduler, bondir et exploser sous leurs rythmes latinos qui flirtent avec les Balkans (clarinette Klezmer oblige !) ou la Jamaïque… Quand ils ne nous plongent pas dans un beau plan de ciné, coups de feu et train sifflera trois fois, dans une ambiance western du plus bel effet ! Ay Ay Ay, préparez-vous à suer sous les ponchos et les sombreros car les lascars ne vous laisseront aucun répit ! Couleur soleil, cet album décapant et envoûtant va vous embarquer sur les routes cabossées de l’Amérique latine… Alors, attachez vos ceintures car le vaisseau Dinamitaaa, avec le meilleur des Captain aux commandes, va vous faire décoller grave, caramba !
Ay Ay Ay ! / La Dinamitaaa / Ménilmontant Prod / 2017 / 11€ (acheter ici !)
Chicos, chicas, bienvenue dans la « Sonora tropical » du Captain Cumbia ! En onze titres chauds comme la braise et comme autant de rounds, le super Mashup-Man Cumbiero mène un rude combat avec la fine fleur de la scène Hip Hop et raggamuffin, dans des battles héroïques et flamboyantes où la Cumbia, bien sûr, relève le gant… Haut la main ! Les tubes de Mad Cobra, Calle 13, Will Smith, Cypress Hill, Vanilla Ice ou des Beastie Boys, talentueusement mixés par le desperado des platines, se transforment comme par magie en fiestas latines débridées où se superposent les gimmicks bien connus de ces artistes. Un vrai hold-up, net et sans bavures, qui réjouit le cœur et vous fait frétiller des pieds à la tête pour une transe des plus festive ! Si vous êtes sur Paname, petits veinards, vous pouvez aller directement chauffer les dancefloors en sa compagnie, à son QG de la Bellevilloise, au Bal de la Marine ou au Cabaret Sauvage (dates ici !). Quant aux autres, il vous reste sa discographie et ses émissions de radio sur le Mellotron pour vous régaler de ses rythmes furieusement dansants ! Merci qui ? Merci Captain !!!
Mashup-Man Cumbiero / Captain Cumbia / Ménilmontant Prod / 2017 / 11€ (acheter ici !)
Vous imaginez un collectif de 450 adhérents, ouvert à tous les talents, entre 20 à 40 musicos sur scène à chaque spectacle (jamais les mêmes membres, bien sûr) avec une dizaine de sections (trompette, trombone, sax alto, ténor, baryton, percus, batterie, chant et stick (guitare basse et guitare à la fois) ? Non ? J’avoue qu’il faut le voir pour le croire et comme ils passaient au Café de l’Espace de Flayat (report ici !) après une résidence à La Naute, j’ai fait comme le grand Jules : je suis venue, je les ai vus et ils m’ont convaincue !!! Et, oui, c’est possible et avec une bonne humeur contagieuse en plus, de créer un joyeux Dawa cuivré à souhait en toute harmonie, puisque personne ne tire la couverture à soi chez les Tarace et que les (nombreux !) solos s’enchaînent à la perfection pour le plus grand plaisir du public ! Textes engagés (en français), énergie pure, rythmes funky jazzy, un groove à réveiller les morts : cette association de bienfaiteurs qui a vu le jour en 1993 grâce à l’excellente initiative de deux anciens membres des Négresses Vertes, prouve qu’un groupe peut exister pour le plaisir, sur la base du bénévolat (toutes les recettes vont dans la manne de l’asso), sans label ni tourneur, dans la plus grande indépendance qui soit ! Et cette sacrée aventure est loin d’être terminée ! Vous trouverez dans ce « best of » les tubes et quelques inédits de ce big band atypique à la folie douce, en autant de preuves de leur immense talent doublé de leur rare générosité !
Inédits, best of / Tarace Boulba / 2015 / écoute sur le site
Si leur inspiration est directement puisée sur les rives du Mississipi et dans les bayous de Louisiane, le Flyin’Saucers Gumbo Special est pourtant né sur les rives d’un fleuve moins tumultueux et dans une région du monde plus tempérée, puisque ces princes du Blues épicé au zydeco sont originaires de Bordeaux, comme cela ne s’entend pas dans leur musique ! Et pour des frenchies, ils sont sacrément bons les bougres pour nous faire frémir et danser avec un bon son « Zarico » qui flirte amoureusement avec le blues, mais aussi avec la soul, le funk, le rhythm’n’blues, le swamp ou le rock dans un gombo épicé à souhait et franchement savoureux : joyeuse et enlevée, langoureuse et sensuelle, la musique de ces cuistots « trois étoiles » dégage d’appétissantes et nostalgiques effluves des années 70 avec ses envolées de guitare nappées d’harmonica, d’orgue et de cuivres dans un dosage précis et harmonieux… En 13 titres, Les Flyin’ et leur sauce pimentée nous enivrent et nous font décoller vers la moiteur du pays des alligators avec une efficacité redoutable. La grande classe !
Nothin’but / Flyin’Saucers Gumbo Special / Quart de Lune / Août 2019 / 13€
Dix mélodies redoutables qui restent bien en tête, des textes ciselés, sensibles et poétiques, des voix inimitables… La magie des Innocents opère plus que jamais avec ce sixième (et demi !) somptueux et addictif album que l’on se prend vite à fredonner avec gourmandise, heureux de retrouver le duo à la pop suave et sucrée (mais surtout pas mièvre !) qui a fait nos beaux jours dans les années 90 ! Et ils reviennent intacts et aussi purs, mûris et sincères, avec cet opus léger comme une bulle de savon qui fait chaud au cœur ! Ah ! On peut dire qu’elles nous ont manqué grave leurs échappées belles qui nous ont fait rêver et danser… Et quel bonheur de retrouver leur touche si particulière qui fait mouche à chaque fois ! Si comme moi vous avez eu la chance de les voir sur scène cet été (report de leur concert au festival au château ici !), vous comprendrez aisément l’émotion qui m’a submergée à l’écoute de leurs nouvelles pépites et de tous les « vieux » tubes qu’ils ont eu la gentillesse de reprendre pour un public semble t-il aussi insatiable que fidèle. A ce propos, ils sont toujours et pour encore un bon moment en tournée (voir dates ici !), alors courez les applaudir ! Profondément humain et touché par la grâce, cet album vagabond nous emmène en pays de nostalgie et de tendresse et s’imprime dès la première écoute : une vraie Madeleine à déguster avec l’agréable sensation de revenir à la maison et de retrouver de vieux potes un peu perdus de vue mais jamais oubliés… Ah ! Ça fait un bien fou, merci « les garçons » !
6 1/2 / Les Innocents / Sony Music / Mars 2019 / 17€
Un timbre de voix unique, rauque et doux à la fois, un jeu de guitare vraiment époustouflant, une sensibilité qui révèle une belle âme : ce sont les mots qui viennent spontanément à l’esprit lorsqu’on écoute Baptiste Ventadour, que ce soit sur scène (voir le report de son concert au café de l’Espace ici, et celui du festival au château, là !) ou sur ce fabuleux premier album autoproduit, dans l’attente de celui qui devrait voir le jour l’an prochain. Mélodiste accompli, Baptiste nous dévoile son univers tout au long des neuf pistes de cette première pépite, révélant son goût pour la belle ouvrage dans un esprit « folk singer » que ne renieraient pas ses grands frères, tels que Bob Dylan. Balades douces et apaisantes alternent avec d’autres plus énergiques, à l’image de ses influences pour des groupes tels que les Cow-boys fringants dont il reprend d’ailleurs avec brio un de leurs titres (« Entre deux taxis »). Les textes, lorsqu’ils ne sont pas de sa plume, sont signés par deux talentueux paroliers (Tikaal et Kalune) mais aussi par Jean Fauque, parolier du regretté Bashung, qui lui a offert le titre « Oiseau de nuit »… Une sacrée reconnaissance qui vaut son pesant d’or vu la carrière exemplaire de ce grand monsieur qui a toujours su renifler les vrais talents ! Accompagné sur deux titres par Abbey Glover (sacrée voix !) et Soan (avec qui il a partagé une tournée), Baptiste a également le chic de savoir très bien s’entourer ! Hors du temps et des genres, Baptiste Ventadour n’est pas un effet de mode ou un « produit » de la scène locale limousine… Son talent et sa créativité l’emmènent déjà bien au-delà de ses frontières et nous lui souhaitons la belle et longue route qu’il mérite amplement !!! Ah ! Dernière chose : la pochette de cet album, illustrée par le talentueux Thibault Prugne, est une pure beauté !
Tu me dis / Baptiste Ventadour / 2019
Christine Le Garrec