Juke Box N°29

Dans ce juke box à quatre mains, vous retrouverez la fine fleur de l’electro français avec Matteo qui signe un superbe premier album solo, des airs d’opérette revisités par les géniaux Moussu T e Lei Jovents, les nouvelles compils du label Banzaï Lab où vous ferez connaissance (ou réécouterez avec plaisir !) une multitude d’artistes talentueux dont, pour la plupart, nous avons déjà longuement parlé dans les juke box précédents ! Pour finir, Alex nous présente le petit dernier de The Prodigy pour lequel il a eu un vrai coup de coeur ! A vos platines, m’ssieurs, dames !!!!

J’attendais beaucoup de ce premier album solo de Matteo et son  « Scaglia » aux ambiances aussi fortes et énergiques que douces et hypnotiques, m’a comblée dès la première écoute… En terrain conquis, certes, mais l’oreille grande ouverte et attentive aux moindres sons ! Fondateur de Chinese Man avec Sly et High Ku (et du label du même nom dont l’écurie ne recèle que du beau monde !), Mattéo est une des pierres angulaires à l’origine de cette formidable aventure qui perdure maintenant depuis plusieurs années. Avec cet album, il s’ancre aux racines de ce qui a fait la magie des Chinese et qui a conquis leur public depuis « Racing with the sun », avec un mélange de hip-hop groové mâtiné de trip hop à la sauce électro avec une signature qui n’appartient qu’à eux. Avec « Scaglia », Matteo confirme son talent en beauté, entouré d’une flopée de feats (Youthstar, Kendra Morris, Green T, Priesless et Fp, Stogie T,Paige Cakey, Foreign Beggars et Ilaman, Alo Wala, Ceza et Onjuicy) non moins talentueux, qui apportent leur touche personnelle à chacune de leur participation. L’envoûtant titre « Rema », reprise d’un titre de la BO du film « Amer» de Bruno Nicolaï, a fait l’objet d’un superbe clip (sur les images du film) que je vous propose de découvrir ci-dessous. Une belle collaboration, une de plus, car chez les Chinese, le mot partage est loin d’être un vain mot… « Scaglia » est un voyage au long cours aux eaux mouvementées… On oscille et on ondule à son écoute tout au long des douze titres… Et on en redemande !!! Un bijou !

« Scaglia » / Matteo / Chinese Man Records / 2018 / 12 € le CD / 18 € le vinyle

Luis Mariano et ses bouquets de violettes peuvent bien aller se rhabiller… Car Moussu T e Lei Jovents reviennent pour la seconde fois sur le devant de la scène pour dépoussiérer les vieux standards marseillais des années 30 ! Alors, ringard, l’opérette ? Que non ! Avec Tatou et Blu dans leurs œuvres, c’est même carrément délicieux comme une madeleine de Proust ! Avec leurs Javas swinguées, leurs  marches pêchues, agrémentées de quelques accents rock par ci-par là sous l’omniprésence d’un joyeux banjo qui met illico la frite, la bande de la Ciotat nous embarque dans un voyage au temps de la gloire du music-hall, en treize titres rigolards et tendres. Bien sûr, plusieurs chansons sont à la gloire de la cité phocéenne… Mais ces  galéjades qui ne manquent ni de sel ni d’humour… ça, c’est marseillais ! Les vieux loups vantards contournent la sardine qui bouche le port pour ramener des pêches miraculeuses (les fameux « pescadous » !), Le boulot, on s’y donne, mais si quarante heures, c’est épatant… C’est toujours trente-neuf de trop ! Mais bon, sur l’ensemble de l’album, c’est surtout l’amour qui pointe le bout de son nez, pour ainsi dire sur chaque titre. Vous y ferez connaissance avec des filles, faites au moule et à la cool, qui portent des surnoms qui sentent bon la violette et sont légers comme un brin de romarin, des marins volages, des amoureux timides qui rêvent, sans l’oser, d’ouvrir leur cœur en chantant des aubades au clair de lune… Poétiques et sucrées comme des gourmandises, légères et drôles, les chansons de Moussu T e Lei Jovents donnent des coups de soleil au plus fort de l’hiver, elles dégagent  un parfum d’anis et d’embruns, de rigolades au cabanon, jamais loin de la grande bleue… Elles vous donnent envie de chalouper et de chanter à tue-tête, avé l’assent, que la vie est belle, l’amour éphémère, et que ça vaut vraiment pas le coup de se mettre la rate en bouillabaisse ! A noter le titre « J’ai rêvé d’une fleur » chanté en duo avec Rosemary Standley (du groupe Moriarty) qui nous délivre une autre facette, assez étonnante, de son talent ! Ils sont forts ces marseillais !!!!

Opérette (volume 2) / Moussu T e lei jovents / Manivette Records / 2018 / 12€ le CD

Pour fêter la dixième édition de ses compilations, Banzaï Lab ne vous en propose pas une, ni deux, mais trois ! La première, intitulée « Passé », vous propose dix titres qui ont forgé l’identité du label, réalisés par les talentueux Senbeï (vous retrouverez nos chroniques des albums « Nin » et « Ningyo » sur le site !), Dirty Honkers, ProleteR (chronique sur le site de « Life Playing Tricks« ), Al’Tarba, Monsieur Grandin, Feldub (chroniques sur le site de « Step along » et de « Class war« ), L’entourloop, Smokey Joe & The Kid (chroniques sur le site de « Running to the moon« , « Take control » et « Remixes to the moon« ), Too Many T’s et United Fools. Dans le second, « Présent », on vous offre un échantillon des sorties les plus récentes où l’on retrouve Senbeï et Feldub, mais aussi Noke (chronique sur le site de « Fields« ), A Polylogue from Sila, Dutty Moonshine, Supachill (bientôt chroniqué, patience !), J-Silk (chronique sur le site de « It’s up to you ») et Met-H-ode. Enfin, dans le dernier nommé « Futur », vous aurez le plaisir de découvrir des artistes suivis de près par Banzaï Lab comme Mazette, Obsimo, Jean du voyage, Mysdiggi, Yudimah, Freeez et Pengshui et de retrouver Al’Tarba & Senbeï et Noke ! Alors, voyons voir… 10 + 9 + 9 = 28 titres à savourer en les téléchargeant à partir du 21 Janvier sur banzailab.bandcamp.com (où vous retrouverez également les compilations précédentes). Alors, elle est pas belle la vie ? Banzaï !!!!!!!

Christine Le Garrec

WAAAAAAAA ! Telle est la réaction obtenue après écoute d’un album de The Prodigy ! Ils nous avaient déjà régalés avec l’album « The Day Is My Enemy », sorti en Mars 2015. Une vraie bombe avec des titres variés et déchaînés comme celui éponyme du titre de l’album avec lequel un fan a fait un super montage vidéo du film « Mad Max Fury Road« , ou encore « The Wild Frontier », qui a bénéficié d’un super clip en motion capture, et enfin « Roadblox », mon véritable coup de cœur sur cet album.

Les britanniques sont donc de retour avec l’album « No Tourists » sorti le 2 novembre dernier. Alors ? Et bien… Encore une claque ! On insère le disque et dès la première note on se prend un grand coup de poing ! La musique de The Prodigy ça s’agite, ça te prend, t’agrippe, te défoule, et te donne envie de bouger comme un fou furieux, à croire que ça te rend encore plus agité et accro que n’importe quelle drogue. En plus de te régaler à grands coups de sons bien énervés, les british savent y faire en matière de clips ! Allez donc faire un tour sur Youtube, vous jugerez par vous-même !

Avec le premier titre, « Need Some1 » (clip en fin d’article), on est embarqué par un beat féroce et bien lourd sur lequel viennent se superposer les samples d’une voix féminine. On entre alors de plein fouet dans la folie furieuse de The Prodigy ! Les sons créent des images de live complètement déments ou des scènes de films d’action bien speed, s’appuyant sur du drum and bass qui rythme cette course effrénée. Certains bons vieux sons électroniques des années 90 remontent même parfois à la surface ! Les morceaux s’enchaînent sans jamais faire descendre la température, le rythme s’accentue, stagne puis repart, on se sent comme au milieu d’un grand hangar désaffecté, envahi de tags, de graffs et de gens dansant dans des torrents de lumière qui percent l’obscurité de la nuit. Cette sensation est d’ailleurs renforcée par le 5ème titre, « Fight Fire With Fire » en featuring avec Ho99o9… autant vous dire, que là, c’est vraiment sale. On est balloté dans ce beat lourd et vraiment violent qui suinte le danger de partout, comme si on était au milieu d’une fête bizarre à laquelle on souhaite participer malgré tout. Sûrement le meilleur morceau de l’album, avec la voix du chanteur de Ho99o9 qui vient apporter une bonne dose de démence. Le titre suivant s’enchaîne parfaitement avec « Timebomb Zone » qui nous renvoie aux débuts de The Prodigy, avec ce son acide et sa bonne vieille rythmique drum and bass. Un titre qui rappelle plus ou moins « Warrior’s Dance » de l’album « Invaders Must Die« . L’album s’achève en apothéose avec « Give Me A Signal » précédé de « Resonate« . Deux titres qui nous replongent dans la génération Rave, avec Barns Courtney au chant sur « Give Me A Signal » qui vient sublimer le tout. Cet album devrait en toute logique rassembler les fans d’électro, les ravers ou même les metalleux… On espère bien les croiser cette année sur scène, histoire de voir ce que ça donne en live. Amis programmeurs, si vous m’entendez….

« No Tourists » / The Prodigy / BMG Entertainment / 2018 / 15,99€ le CD, 34,64€ le Vinyle

Alex